From the Other Side (Mykaëlle et Séraphielle

J'eus à peine quitter les représentants d'Émeraude, que j'apparus dans la rotonde de la déesse des Bienfaits, Fan de Shola. Lorsque j'apparus au milieu de son espace, son visage s'illumina d'un sourire. Je m'inclinai poliment devant elle et ne me redressai que lorsqu'elle se leva. La déesse s'avança vers moi, prit ma main et m'entraîna vers un long sofa blanc. Je m'y assis avec elle et attendit qu'elle parle.

Séraphielle, dit Fan d'un ton doux. J'ai une mission bien spéciale à te confier, tu dois me promettre avant, que tu ne diras pas un seul mot à qui que ce soit de cette mission.

Le regard plein de questions, je hochai la tête positivement. Cela fit sourire Fan, qui replaça une mèche rebelle, de mes cheveux, derrière mon oreille. Son toucher si maternel me fit frissonner, je n'étais pas habituée de me faire toucher encore moins par une déesse.

Il faut que tu sache, dit-elle, que j'ai eu plusieurs enfants. Bien sûr, Kira et Myrialuna, mais j'ai aussi eu une autre fille. Son nom est Mykaëlle, Parandar ne sait pas qu'elle existe. Je l'ai conçus sans son consentement, elle habite maintenant sur Irianeth et pense être l'une des leurs. Il ne faut pas qu'elle combatte cette guerre de leur côté. Va à Shola, dans mon château, dans la pouponnière, tu trouveras un berceau, avec son nom écrit dessus. Sur ce berceau, il y a un médaillon de cristal, en forme d'étoile, prends le et donne le lui en lui expliquant d'où elle vient.

Cette mission était complétement hors de celle, qui m'avait été donnée par le maître du ciel. Si il apprenait, que je suivais les ordres de Fan et que je remplissais cette mission en catimini, je pouvais perdre ma pérrénité, je frissonnai un moment en plantant mon regard bleu glace dans celui de la déesse. Je hochai la tête doucement, en me levant et m'inclinant devant elle.

Soit, déesse des Bienfaits, dis-je de ma voix cristalline.

Je sortis de la rotonde et me transportai à Shola. J'apparus sur le balcon royal, je marchai à l'intérieur de la chambre du Roi et de la Reine, je sortis la pièce et marchai lentement dans le corridor de glace. Mes sens si sensibles, ressentaient la terreur des Sholiens, lors de leur massacre, je dus m'arrêter un moment et bloquer mon esprit à toute cette énergie. Je repris ma marche vers la pouponnière, j'y entrai. Mes yeux s'arrondirent, lorsque je vis trois berceau, Kira, Myrialuna et Mykaëlle. Je me dirigeai vers celui près du balcon, le plus petit des trois. Je vis le pendentif de cristal, tendis ma main vers lui et le pris. Tout à coup, j'entendis le cri strident d'un dragon d'Irianeth, mes sens de survie prirent le dessus, je masquais ma présence. Je vis une toute jeune fille sur le dos de la créature, cette dernière s'approcha du balcon et fit descendre sa cavalière. La jeune fille entra dans la salle.

Qui va là, fis-je résonner ma voix craintive.

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Je battis lentement des paupières lorsque j'entendis le premier cri strident d'un dragon. Un léger regard vers l'ouverture de ma tanière m'indiqua que le soleil finissait de peindre l'horizon. Bientôt, ce serait une marée de dragons qui nous feraient entendre leur voix. Je devais donc me lever dans les plus bref délais avant qu'ils commencent à jouer. En effet, il y avait beaucoup de jeunes nouveaux nés parmi mon troupeau, et ils avaient un peu trop tendance à s'amuser. Cela ne me dérangeait guère. En fait, c'était à cause de l'Empereur si je ne pouvais pas les laisser agir comme bon leur semblait. Lentement mais sûrement, je descendis de la paillasse qui me servait de lit, complètement nue. Pendant un instant, je regardai ma peau, avant de pousser un long soupir. Pourquoi n'étais-je pas grisâtre comme tous les miens? Je détournai brusquement le regard, ressentant de la honte face à ma différence. Je me saisis d'une tunique en peaux d'insecte suspendue sur une liane, et l'enfilai rapidement. Je fis la même chose avec mon pantalon, puis je secouai ma longue chevelure presque blanchâtre.

Soudain, un deuxième cri strident se fit entendre, signe qu'un autre dragon s'était réveillé. Je sortis aussitôt dehors, dans une température des plus agréables. Je pris une bonne bouffée d'air frais, avant de voir deux petits yeux rouges me fixer avec insistance. Je m'agenouillai, afin de caresser sa longue crinière d'épines et d'écailles. Il roucoula, puis me mordilla légèrement la main. Il avait faim, c'était évident. Mais il allait devoir attendre que les autres se réveillent avant de manger.

Cela faisait un bon moment maintenant que je m'étais isolée sur le territoire Midjin, afin d'être complètement seule. J'élevais ma propre armée, qui s'avérait à être beaucoup plus fortes que les autres de mon peuple. Pour la simple et unique raison que j'étais la mère des dragons. Ils m'adoraient, mais me respectaient. J'étais une tête forte, bien que silencieuse, je savais me faire craindre de ma prestance. Je me relevai lentement, le regard perdu dans les dernières couleurs rougeâtres du ciel. Bientôt, ce serait plus d'une centaine de dragons qui ouvriraient les yeux, et j'étais totalement seule pour les nourrir. C'était mon choix, et je m'en tirais plutôt bien. En fait, le problème était que je m'étais soudainement mise à parler une autre langue que celle du peuple insecte. Effrayée, je n'avais pas voulu que personne ne s'en rende compte et le dise à l'Empereur. Car nombreux étaient ceux qui souhaitaient prendre ma place, même s'ils m'admiraient. Ça n'avait été qu'une fois isolée que je m'étais rendue compte qu'en fait, j'avais toujours pensé en cette langue, pourtant étrangère aux miens.

Un nouveau cri me tira de ma rêverie, m'étirant un large sourire en même temps. Tessa, ma dragonne à moi s'était réveillée. Je ne l'avais jamais donnée à l'Empereur, car cette femelle n'avait jamais voulu se nourrir de chair d'insecte. Elle ne mangeait que de la verdure, comme moi. Ça m'avait fascinée en tout premier lieu, puisque c'était le premier dragon à ne consommer aucune chair. Du moins, sous mes yeux. De plus, en vieillissant, ses écailles avaient changé de couleur, pour passer du noir à un magnifique vert forêt. Et je savais qu'il mettait les bêtes différentes à mort. Je l'avais donc parfaitement dressée, puis je l'avais humblement présentée à mon maître, en lui déclarant que je souhaitais en faire ma propre monture. Lorsqu'il avait vu comment elle obéissait à mes moindres ordres, il m'avait réclamé un mâle se tenant aussi droitement, et m'avait renvoyé d'un simple geste de la main, en précisant que je pouvais la garder en échange de sa propre monture.

Je me tournai lentement, alors qu'un puissant battement d'ailes agitait ma chevelure. Tessa se posa à côté de moi, et ses naseaux vinrent fureter quelque peu partout sur moi. Je caressai doucement la base de son cou, tandis que le noir emplissait totalement les lieux. Rapidement, toutes les paires de yeux s'ouvrirent l'une à la suite de l'autre, avant de lancer un cri terrible dans la nuit.

- Mykaëlle, entendis-je derrière moi.

Je fis volte-face, dardant un regard meurtrier sur l'un des sorciers de l'Empereur. Il faisait vachement parti des plus laids, avec son visage mi insecte, mi lézard. Il tendit une main griffue vers moi, mais je le repoussai vivement, plus que dégoûtée. Aussitôt, une cuisante douleur me saisit l'estomac, et je tombai à genoux en hurlant de douleur. Tessa couina de frustration, mais d'un simple geste de la main, je l'intimai au silence. Je soutins fièrement le regard de mon supposé supérieur, malgré la douleur qu'il me causait. À chaque fois qu'il venait il essayait de poser ses mains répugnantes sur moi. Et à chaque fois il réagissait de la même façon.

- On a besoin de plus de dragons, et plus rapidement, dit-il de sa voix âcre. Ou c'est ta tête qui leur sera donnée en pâture.

Il me relâcha sèchement, et ma monture vint m'aider à me relever. Je m'accoudai sur elle, tandis que je arquais les sourcils devant la fierté du sorcier. Si seulement... Un silence mortel était tombé sur ma tribu, qui n'aimaient pas du tout me voir ainsi attaquée. Soudainement, quatre dragons mâles et adultes se jetèrent sur lui, et il disparut dans une volute de fumée. Je le dissipai rapidement de la main, et écarquillai les yeux en voyant mes mâles raides morts sur le sol. Je hurlai de rage, tandis que mes autres bêtes se jetaient sur eux, question de manger leur chair fraîche. Je m'agrippai au cou de Tessa, avant de grimper habilement sur son dos. J'enfonçai doucement mes talons dans ses flancs, et elle s'envola d'un seul battement d'ailes. J'allais aller faire un petit tour dans les airs, comme je le faisais chaque fois que j'étais contrariée. Comme toujours, je ne comprenais pas pourquoi l'Empereur voulait plus de bêtes, mais qu'il laissait son sorcier en tuer certaines déjà mûres.

Lorsque je vis la terre des Midjins disparaître au loin, je me laissai glisser sur le dos de Tessa, qui me rattrapa entre ses pattes, me protégeant des vents. Je me blottis contre elle, avant de fermer doucement les yeux. Elle n'allait jamais bien loin, et me ramenait toujours à la maison. Je pouvais donc me permettre de m'endormir et de rêver à ce qui se trouvait au-delà des territoires insectes.

Je me réveillai en sursaut, tandis que mon coeur se débattait furieusement dans ma poitrine. Me sentant bouger entre ses pattes, ma jeune dragonne me ramena sur son cou, et je retins mon souffle en voyant les immenses montagnes blanches, et le froid intense qui mordait ma peau. Mais j'étais tellement abasourdie par le décor qui se trouvait sous nos pieds que je ne m'en préoccupais guère. En fait, c'était la première fois que je ressentais le froid, et j'en étais fortement impressionnée. Je plantai un talon dans le flanc droit de Tessa, la faisant bifurquer de ce côté. Je pouvais maintenant apercevoir une grande plaine de glace, ainsi qu'un majestueux palais de la même couleur que le reste du décor. Sachant que ma bête pouvait lire mes pensées, je m'imaginai en train de nous poser au milieu de la cour du château, et aussitôt elle s'exécuta. Elle atterrit tout en douceur, et je me laissai glisser sur le sol. La poudre blanche au sol chatouillait mes pieds nus, tout en les rendant glacés. Je tournai sur moi-même, totalement silencieuse. J'ouvris grandement mes yeux argentés, ne voulant manquer aucun détail.

Après avoir contemplé la cour pendant plusieurs instants, Tessa agita ses naseaux contre le bas de mon dos, me poussant doucement vers les marches. Je lui jetai un regard inquiet, mais elle agita sa tête en ce sens. Je caressai doucement sa crinière d'épines, lui adressant du même coup un léger sourire.

- Attend moi ici Tessa, lui murmurais-je de ma voix mélodieuse.

Je me retournai vers les marches, prenant une grande inspiration. Alors que je fis un premier pas vers le palais, je sentis une curieuse chaleur m'envahir, puis une main se glisser dans la mienne. Je baissai le regard vers celle-ci, mais je ne vis absolument rien. Pourtant, la sensation était bel et bien là. Étrangement, cette présence invisible me faisait sentir bien. Je ne l'avais jamais ressentie sur le territoire des Midjins. Tessa couina, et il ne m'en fallu pas plus pour m'élancer à petits pas tremblants dans l'escalier miroiteux et glacé. Bravement, je poussai les grandes portes, et je retins mon souffle en voyant tout ce qui s'offrait devant moi. D'après les meubles, je pouvais confirmer qu'il s'agissait de la demeure de quelqu'un. Cette personne devait avoir énormément d'argent... Car moi, l'endroit dans lequel je vivais n'était nul autre qu'une tanière, que je m'étais creusée avec l'aide d'un de mes dragons.

Soudain, une boule de lumière attira mon attention. Contrairement au soleil, qui ne pouvait pas pénétrer à l'intérieur, celle-ci flottait juste sous mon nez. Elle commença à s'envoler vers le grand escalier tapissé de rouge velours, et je ne pus m'empêcher de la suivre. Ma curiosité avait plus que prit le dessus. La boule me mena à l'étage supérieur, puis jusqu'à un magnifique balcon de glace. J'admirai la vue splendide, tandis que la lumière se dirigeait vers un balcon sur un niveau supérieur. Je fronçai les sourcils, me demandant comment faire pour la suivre. Je poussai un puissant sifflement, et en un rien de temps Tessa se retrouva au niveau du balcon. Elle m'aida à grimper sur son dos, puis alla me déposer un peu plus haut, poussant du même coup un puissant cri strident. Je sautai gracieusement sur le balcon, avant de lui demander de surveiller les alentours.

Fière, je la regardai s'éloigner vers les montagnes non loin. Puis, je dardai de nouveau mon attention sur la boule de lumière, qui me fit entrer dans une salle. Je vis trois lits. Du moins, ça ressemblait à des lits. Ils étaient tout miniatures, comme s'ils étaient faits pour y faire dormir mes plus jeunes dragons. Je caressai le premier, tentant de déchiffrer l'écriture. Je fus surprise d'être capable d'interpréter ce qui était écrit.

- K... Kir... Kira, murmurais-je. Myri... Myrialuna...

Je dardai brusquement mon regard sur le troisième petit lit, après avoir regardé ce qui se trouvait sur le deuxième. Je caressai doucement l'écriture bien gravée dans le bois.

- My.. Myka... commençais-je.

Je me retournai vivement, attendant une respiration. Aussitôt, je mis tous mes sens en alerte. Je ressentais la présence d'un des sorciers de l'Empereur, mais seulement la présence était beaucoup moins glaciale.

- Qui va là ? entendis-je une petite voix dire.

Je poussai brusquement le rideau, entendant autre chose que des cliquetis affreux. Quelqu'un parlait la même langue que moi ! Je fus surprise de tomber nez à nez avec une jeune femme totalement blanche, autant de peau que de cheveux. Elle n'était pas grisâtre comme les autres Midjins, et ne ressemblait pas du tout à un insecte. Mais qui était-elle ? J'approchai ma main de son visage, surprise de voir à quel point le ton de nos peaux se ressemblait. Je reculai, totalement effrayée de ce qui pouvait se trouver devant moi.

- Qui êtes-vous ? lui demandais-je bravement.

Le château trembla soudainement, et je dus me retenir sur l'un des petits lits afin de ne pas tomber. La tête triangulaire de Tessa se glissa dans la petite fenêtre, alors qu'elle poussait un cri strident. Ses yeux, habituellement gentils et doux se remplirent d'une couleur rougeâtre alors qu'elle apercevait l'inconnue. Elle sortit rapidement les crocs, et je dus mettre ma main devant son visage afin de l'empêcher d'attaquer une pauvre innocente.

- Suffit Tessa, tonnais-je.

Elle se replia doucement, mais resta tout de même proche de moi, au cas où. Elle était légèrement protectrice, ma dragonne. Mais c'était ainsi que je l'aimais.

- Pardonnez-moi, dis-je d'une douce voix. Elle n'aime pas quand les inconnus m'approchent.

Je me relevai doucement, satisfaite de pouvoir enfin parler la langue que j'étais la seule à connaître parmi mon peuple. Je posai mes yeux argentés dans les yeux de glace de la jeune femme, et je ne pus m'empêcher de lui sourire en contemplant sa beauté.

La jeune femme semblait encore plus effrayée que moi. Je la vis me détailler de haut en bas. Elle ne vit pas le médaillon, que je serrais dans ma main. Elle recula devant moi. Je ne me sentais ni attaquée ni en danger, mais quelque chose chez cette petite femme me titillait. Je la vis alors s'aggriper à l'un des berceaux pour s'empêcher de tomber à la renverse. Étant aussi effrayée qu'elle, je me collai au mur derrière moi.

Qui êtes-vous? demanda-t-elle de sa voix mélodieuse.

Avant que je n'aie le temps de répondre, le château se mit à trembler, le dragon de la jeune femme avait passé sa tête dans le fenêtre du balcon et venait de pousser un cri strident. La peur serra mon ventre. Les yeux de la dragonne avaient une teinte rougeâtre et ses crocs étaient aussi pointus que les dagues donc Parandar se servait pour nous enlever notre pérennité. La jeune fille mit sa main devant le visage du dragon, qui cessa totalement toutes activités menaçantes.

Suffit Tessa, dis la petite femme blanche.

Le cou du dragon se replia, mais son regard resta fixé sur sa maîtresse. Cette dernière se tourna vers moi.

Pardonnez-moi, dit-elle de sa voix douce. Elle n'aime pas quand les inconnus m'approchent.

Elle lâcha le rebord du berceau, dont elle se servait comme soutient. Son regard se posa de nouveau sur moi et un sourire illumina son doux visage. Je ne pus m'empêcher de sourire aussi. Mon regard croisa le sien... ses yeux étaient argentés... Je m'approchai à petits pas de la jeune fille. Mon regard gardait une lueur de peur.

Qui êtes-vous? demandais-je. Mon nom est Séraphielle et je suis à la recherche de la fille de la déesse des Bienfaits, Fan de Shola. Je dois lui remettre ceci.

À ces mots, je sortis le petit pendentif. Ce dernier se mit à briller de mille feux. Je posai un regard interrogateur sur le collier. J'illuminai ma paume et la passa près du pendentif, mais c'était à rien y comprendre. Je levai le regard sur la jeune fille, toujours souriante, devant moi.

Quel est votre nom? soufflais-je.

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J'étais effrayée, mais je tentais de ne pas le laisser paraître. En effet, bien que cette femme aie la même peau que moi et parle la même langue, je me trouvais devant l'inconnu. Car je n'avais jamais connu personne de semblable. Et je pouvais sentir qu'elle éprouvait la même terreur à mon égard. Était-ce à cause de mon dragon ? Les gens ici n'en possédaient-ils pas ? De toute façon, ce bâtiment de glace ne semblait pas du tout habité. Sauf par cette femme, qui m'offrit à son tour un magnifique sourire. J'avais rêvé toute ma misérable existence de croiser un jour comme celui-ci, et maintenant qu'il s'offrait à moi, j'en étais effrayée. Je voulais retourner sur Tessa pour m'envoler et retourner dans ma taverne, dans laquelle j'étais à l'abri de tout... Sauf de l'Empereur et de ses sorciers. Mais l'Empereur était mon maître, et je me devais de lui obéir. Déjà que j'étais une Midjin imparfaite, différente, je n'étais qu'une erreur à ses yeux. Il m'appelait la vermine.

Je me secouai brusquement la tête, tentant de retirer son visage de mon esprit et de me concentrer sur la jeune fille blanche. Elle s'avançait maintenant vers moi, à petits pas. Mon regard argenté dans le sien, j'y lisais toujours la peur. Je tentai de faire comme avec mes dragons, afin de découvrir ce qui les tourmentait dans leurs esprits. Je retins mon souffle lorsque j'y vis le visage triangulaire de ma dragonne. Pourtant, elle était gentille, et ne tuait personne. Elle n'était pas comme les autres, elle ne se nourrissait pas de chair. Alors elle attaquait seulement autrui pour me défendre. Elle ne mangeait même pas ses proies par la suite ! En plus, elle léchait ses écailles à chaque jour afin d'être propre et luisante. Tessa était une très bonne dragonne. Pourquoi en était-elle effrayée ? Était-ce tellement inconnu pour elle ? Suivant mes pensées envers elle, ma bête poussa un petit couinement, mais ne fis aucun geste.

Lorsque la femme fut assez près de moi, je pus constater qu'elle était réellement faite de la même façon que moi. Sa peau blanche perlait, et ses longs cheveux, bien que d'une couleur différente de la mienne, descendait en cascade jusqu'au milieu de son dos. Les Midjins ne possédaient pas vraiment de chevelure. Ses yeux ne se fendaient pas en deux iris verticaux comme tous les sujets de l'Empereur. Ils étaient ronds, comme les miens, bien que de la même couleur que le ciel et que les murs de ce palais. Cependant, j'étais légèrement plus petite qu'elle, et plus mince aussi. Elle devait probablement être nourrie à sa faim. Son sourire s'agrandit alors, et je pus voir des dents de perle régulières et parfaites, et non pointues. Je faillis en perdre la maîtrise de mes jambes. Était-elle une Midjin imparfaite elle aussi?

- Qui êtes-vous? me demanda-t-elle de sa voix délicate. Mon nom est Séraphielle et je suis à la recherche de la fille de la déesse des Bienfaits, Fan de Shola. Je dois lui remettre ceci.

Shola... Fan de Shola... Pourquoi ces noms sonnaient-ils une cloche dans mon esprit ? Je fronçai légèrement les sourcils, suivant le moindre faits et gestes de la dite Séraphielle. Je vis sa main se porter doucement à sa robe, avant d'en sortir un petit truc, qui brillait de mille feux. Sur le coup, j'eus le réflexe de faire un pas vers l'arrière, attirant du même coup l'attention de Tessa, qui commençait à s'endormir. Elle releva la tête, quelque peu intéressée, et inquiète de ma soudaine peur. Il n'y avait que l'Empereur qui portait des breloques dans l'empire insectes, alors pourquoi en possédait-elle ? Si jamais elle se faisait surprendre, son sang coulerait sur le temple de Lismeth, et sa tête serait donnée en pâture aux dragons. Et elle était beaucoup trop jolie pour finir ainsi ses jours, aussi misérables soient-ils !

C'est alors que la main de la jeune femme s'illumina d'une douce lumière blanche, et cette fois je reculai jusqu'à Tessa, posant ma main sur son coup, au cas. Cette femme était sûrement une des sorcières de l'Empereur, venue ici pour me faire payer ma fuite, bien qu'involontaire. Je déglutis avec difficulté, tandis que Séraphielle relevait son regard miroiteux vers moi.

- Quel est votre nom? me demanda-t-elle d'un seul souffle.

Je resserrai mon emprise sur le cou de Tessa, la poussant de ce fait à sortir les crocs. Je ne voulais pas qu'elle attaque la dame, seulement lui montrer qu'elle devait garder ses distances. Même un sorcier sensé n'oserait pas s'attaquer à moi lorsque ma dragonne était dans les parages. Ses écailles n'étaient pas vertes fôret pour le plaisir, et son végétarisme ne venait pas de nulle part. Elle était une race à part. Et elle était étroitement liée à moi. J'osais même croire qu'elle possédait certains pouvoirs magiques, mais je ne pouvais pas en être assurée, tant qu'elle n'oserait pas en faire la démonstration. Mais pour l'instant, elle était capable de suivre mes pensées, et elle était plus que branchée à mes émotions.

De ma main libre, je caressai doucement la tête de Tessa, visant à la calmer. Je ne lui avais pas fait sortir les crocs pour la mettre de mauvaise humeur, seulement pour prévenir. Je me raclai bruyamment la gorge, tentant de chercher mes mots. Car au fond, je n'étais personne. Je n'étais qu'une dompteuse de dragons parmi tant d'autres, bien que j'excellais plus que les autres dans mon domaine.

- Je suis la mère des dragons, tonnais-je alors d'une voix assurée. Dans la langue de mon peuple, je m'appelle Ezérith.

Ceci était totalement vrai. Seulement, personne n'utilisait mon nom insecte. Car Ezérith signifie objet différent. Alors bien rapidement, j'ai décidé que cela ne serait jamais mon nom. Car je savais au fond que j'en possédais déjà un autre. J'avais donc décidé que je m’appellerais Mykaëlle, car une voix dans ma tête ne cessait de me le répéter. Mais pour ne pas que Séraphielle le sache, je fermai hermétiquement mon esprit. Je savais que je possédais quelques pouvoirs, mais je ne les contrôlais pas vraiment, faute de pratique. Sauf que depuis bien longtemps, j'avais appris à fermer mon esprit aux sorciers de l'Empereur, question qu'ils ne lisent pas en moi.

Je me retournai vivement, et mon regard argenté se posa bien malgré moi sur le troisième berceau. Celui dont je n'avais pas eu le temps de lire le nom. Je fronçai les sourcils, intimant mentalement à Tessa de se placer entre moi et la femme, ce qu'elle fit aussitôt. Je caressai les magnifiques lettres en or, de plus en plus perplexe. Shola... Fan...

- Myk... Myka... Kaëlle... Mykaëlle, prononçais-je enfin.

Je me penchai lentement, me saisissant d'une petite peluche en forme de dragons. Je l'observai sous tous les sens, surprise d'y trouver mon énergie. Je pressai l'animal contre moi, avant de me frayer un chemin sous le cou de Tessa jusqu'à Séraphielle. Chez les Tanieths, personne ne possédait le même prénom. Alors pourquoi le mien était-il gravé sur un petit berceau, dans un territoire qui m'était totalement inconnue ?

- Dans la langue de la vermine, lançais-je fièrement. Je suis Mykaëlle. L'indigne, la différente. Mais qui a su non seulement dompter les dragons, mais également les aimer.

Je serrai fortement la peluche contre ma poitrine, avant de la remonter jusqu'à mon visage et de renifler son odeur. Une tonne de souvenirs venaient m'assaillir, mais pourtant je n'en comprenais pas la provenance. Je vis alors une magnifique dame au cheveux et aux yeux argentés. Comme moi... Sauf que mes cheveux n'était pas exactement argentés, mais plutôt d'un blond gris. Mais ses yeux... étaient les mêmes que les miens. Fan de Shola.

- Je ne crois pas être la personne que vous recherchez, et je ne peux pas vous être utile dans vos recherches non plus, puisque je ne connais personne, dis-je d'un ton ferme mais tout de même doux.

Sentant mes intentions, Tessa abaissa sa tête afin de me laisser grimper à la base de son cou. Je jetai un regard désolé à la jeune femme, en tentant un sourire. J'avais passé trop de temps en dehors des territoires du maître. Si je ne voulais pas finir sur le temple de Lismeth, je devais retourner le plus rapidement possible à ma taverne et élever de plus en plus de dragons, et de plus en plus rapidement.

La jolie jeune fille recula jusqu’au cou de son dragon, cette dernière montra les crocs. De sa main libre, elle caressa la tête de sa monture. Mon regard restait fixé sur elle, pendant que le pendentif dans ma main brillait toujours de mille feux. La petite dompteuse se racla la gorge.

Je suis la mère des dragons, dit-elle d'une voix solide. Dans la langue de mon peuple, je m'appelle Ezérith.

Je voulus fouiller son esprit, our vérifier ses dires, je me heurtai à un mur invisible. La jeune fille avait de grands pouvoirs, ses yeux argentés se posèrent sur le petit berceau. Celui d'où j'avais pris le médaillon. Sa dragonne plaça son long cou entre moi et la jeune femme.

Myk... Myka...Kaëlle...Mykaëlle, souffla-t-elle.

Je ne pus m'empêcher de sourire, c'était bien elle, j'en étais sûre. Le médaillon ne brillait pas pour rien. Je la vis se pencher vers sa bassinette, y prendre une peluche en forme de dragon et la serrer contre elle. Je compris qu'elle assimilait les morceaux d'elle-même. Ezérith/Mykaëlle se tourna vers moi, se fraya un chemin sous le cou de son dragon, pour arriver à ma hauteur.

Dans la langue de la vermine, je suis Mykaëlle. L'indigne, la différente. Mais qui a su non seulement dompter les dragons, mais également les aimer.

Son ton fier me frappa. Pourtant elle ne dégageait que de la douceur, elle serrait la peluche contre son coeur, la remonta à hauteur de son visage et y enfouis son nez. Je lui souris maternellement. Elle releva le regard vers moi.

Je ne crois pas être la personne que vous recherchez, et je ne peux pas vous être utile dans vos recherches non plus, puisque je ne connais personne,dit-elle d'un ton doux, mais qui n'incitait pas à contrarier.

La dragonne baissa le cou, pour y laisser embarquer sa maîtresse. Je levai un regard piteux vers elle. Elle me jeta un regard désolé ainsi qu'un petit sourire. Je ne pouvais pas la laisser partir. Je levai les yeux au ciel.

Déesse Fan, dis-je d'une voix implorante. Je crois l'avoir trouvé. Votre fille, aidez-moi. Faîtes lui un signe.

Le ciel nuageux se sépara, pour laisser entrer un petit rayon de soleil, qui illumina le berceau, le pendentif et la jeune femme. Je me tournai vers la jolie dompteuse avec un sourire. Je tendis la main vers cette dernière, mais restai à bonne distance du dragon.

Mykaëlle de Shola, dis-je. Accepte ton destin, prends ce médaillon et entreprends le parcours de vie dont tu rêve. Ta mère, la déesse des Bienfaits, te protège depuis ton premier souffle. Tu vis avec sa protection, oublie Irianeth et trouves un endroit où tu vivras heureuse. Prouve au peuple d'Enkidiev, que tes dragons sont bons et que Shola n'a pas perdue sa splendeur d'antan.

Je restai un moment, la main tendue vers elle. Je vis mon propre médaillon se mettre à briller. Je perdais mes forces, je me devais de rester pour réussir cette mission. Je pris une inspiration et tentai d'ignorer la lumière de mon pendentif. Je sentais mes forces me fuir, je sentais que ma tête tournait. Avant de m'effondrer sur le sol glacé de Shola, je souris à la jeune fille.

Mykaëlle de Shola, dis-je en sombrant dans l'inconscience.

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La jeune femme continuait de me fixer, stupéfaite. Il m'aurait été facile d'enfoncer mon talon dans l'un des flancs de Tessa, et ainsi m'envoler vers la terre des Tanieths. Mais étrangement, j'étais incapable de le faire. Comme si le regard désespéré de Séraphielle me rendait concernée. Ma dragonne commença alors à battre des ailes, sentant mon hésitation. Elle était prête à prendre son envol, mais ne le ferait pas si je ne lui en donnais pas l'ordre. Même l'empereur ne pouvait avoir le dessus sur elle. Car étrangement, mon dragon n'était pas relié à la collectivité comme tous les autres. Comme si quelqu'un l'en avait débranchée à sa naissance. Car sinon, malgré toute sa bonne volonté et son amour pour moi, il lui serait impossible de suivre mes ordres si un autre lui venait de la collectivité. C'était comme avec moi. Aussitôt que quelque chose venait de là-bas, je ne pouvais que l'exécuter, rien d'autre. Bien que parfois, j'étais capable d'y résister, mais j'en tombais sans connaissance.

Je pris une grande inspiration, tentant de me donner le courage de partir de ce magnifique palais de glace. L'Empereur avait toujours dit que la vermine vivait dans des endroits étranges. Pourtant, c'était majestueux comparativement à ma petite tanière qui laissait à peine pénétrer la lumière par le trou. Je soulevai mon talon, question de l'enfoncer dans le flanc droit de Tessa, mais la voix de la jeune femme arrêta mon geste.

- Déesse Fan, dit-elle, le regard levé vers le ciel. Je crois l'avoir trouvée. Votre fille, aidez-moi. Faites-lui un signe.

Je haussai légèrement un sourcil. Déesse ? Le seul dieu qui existait en ce monde était Lismeth. Tout le monde savait que les dieux de la vermine n'étaient que fabulation et délire. Tous les sorciers le disaient. Alors moi, être la fille d'une déesse inexistante ? J'eus envie d'éclater de rire, mais je ne le fis pas, par respect pour la jeune dame. Ce n'était tout de même pas de sa faute si elle avait été empoisonnée par les humains, et que ses croyances étaient comme les leurs.

Je levai de nouveau mon talon, prête à partir, mais Tessa couina, ce qui me fit de nouveau arrêter mon geste. Je poussai un long soupir, dardant mon attention sur sa petite tête triangulaire. Elle semblait me pointer quelque chose. Je tournai donc mon regard, stupéfaite de voir qu'un rayon de soleil avait percé le ciel nuageux, pour se pointer directement sur le petit lit portant mon prénom verminien. Discrètement, je haussai un sourcil, avant de serrer plus fortement la petite peluche contre mon coeur.

- Mykaëlle de Shola, me lança Séraphielle, attirant de ce fait mon attention. Accepte ton destin. Prend ce médaillon et entreprend le parcours de vie dont tu rêves. Ta mère, la déesse des Bienfaits, te protège depuis ton premier souffle. Tu vis avec sa protection, oublie Irianeth et trouve un endroit où tu vivras heureuse. Prouve au peuple d'Enkidiev, que tes dragons sont bons et que Shola n'a pas perdu sa splendeur d'antan.

Stupéfaite, je ne sus que répondre. En fait, je commençais à croire à une mise en scène de l'Empereur, qui tentait de tester ma loyauté. Mais en fait, la vérité était que je n'avais pas saisi un seul mot de ce qu'elle avait bien pu me dire. Enkidiev ? Shola ? Déesse des Bienfaits ? Je restai sur le dos de Tessa, momentanément songeuse. Je n'arrivais pas à déterminer ce qui était bien ou mal en ce moment. Commençant à trembler, je me blottis sur le dos de Tessa, qui me recouvrit aussitôt de son aile.

- Mykaëlle de Shola, souffla la jeune femme.

Je sursautai lorsque j'entendis le son d'un corps tomber sur le sol. Je repoussai doucement l'aile de ma dragonne, pour voir Séraphielle étendue sur le sol, comme si elle était sans vie. Je poussai un cri de détresse, avant de me laisser glisser sur le sol. Je me dirigeai à ses côtés, mais je ne savais pas comment vérifier sur une vermine était toujours en vie. Cependant, ses paroles me revinrent en tête. Je me saisis donc doucement du médaillon, qui cessa de briller de mille feux à mon contact. Je l'observai quelques secondes, avant qu'il ne se mette à flotter, pour s'enrouler de lui même autour de mon cou. Je fronçai les sourcils. Une sorcellerie était à l'oeuvre ici. Je me relevai, quelque peu méfiante. Je fis un tour sur moi-même, cherchant qui était là. Je fus donc surprise de voir une femme aux cheveux argentés se matérialiser devant moi. J'étouffai un cri de terreur, pas très habituée à ce genre de magie. Souriante, la dame posa tendrement sa main contre ma joue.

- Tessa, dis-je d'une voix tremblante.

- Chuuut, me dit la femme. Tout va bien Mykaëlle.

Figée par la peur, je ne sus même pas bouger lorsqu'elle se pencha vers la jeune femme inerte. Elle ne fit que la toucher, pour qu'elle batte lentement des paupières. Elle lui sourit tendrement, puis reporta son attention sur moi. Je ne comprenais pas pourquoi Tessa ne réagissait pas. Pourtant, liée à moi comme elle l'était, elle se devait de ressentir ma peur. Mais c'était comme si elle connaissait cette femme. D'ailleurs, cette dernière tendit de nouveau la main vers moi, et je reculai, effrayée.

- S'il-te-plaît ma fille, me dit-elle d'une voix douce. Nous n'avons pas beaucoup de temps.

Je me tournai vers ma dragonne, avant de me brancher à ses pensées. Je vis alors cette venir la visiter alors qu'elle venait à peine de sortir de son oeuf. Était-ce elle qui l'avait déconnectée de la collectivité ? Je dardai donc de nouveau mon attention sur la dame argentée, posant finalement mes yeux dans les siens. J'écarquillai le regard en voyant que nous avions exactement les mêmes yeux.

- Fan de Shola... murmurais-je pour moi-même. Mama ?

C'est alors qu'une vague de souvenirs vint faire surface. Je vis cette dame se pencher par-dessus moi, alors que je ne savais pas encore parler, et agiter une petite peluche en forme de dragons au-dessus de moi. Je la serrai encore plus fortement sur ma poitrine, tandis que je la tenais encore. Puis, à ses côtés, je vis un bel homme barbu, et très bien vêtu.

Je revins brusquement à la réalité, et me tournai vers Séraphielle, qui me regardait avec un magnifique sourire. Ma mère s'approcha alors de moi, et releva doucement mon menton. J'étais vraiment petite à ses côtés... Elle posa ses lèvres glacées contre mon front, puis se recula.

- Va à Zénor, me dit-elle alors. Tu y trouveras ce que tu cherches.

Aussitôt, elle disparut dans une volute de fumée, et je me tournai vers la jeune femme restante, visiblement intriguée. Zénor ?

J'errais dans l'Éther, le vide noir flottait autour de moi. De loin, j'entendais la voix de la déesse Fan, cette dernière rassurait Mykaëlle. Je flottai vers une lumière. Perdais-je mon immortalité? Où allaient les immortels lorsqu'ils mourraient? . Je ne devais pas ressentir de sentiments humains, mais le serrement dans ma poitrine et les larmes qui coulaient de mes yeux, me rendirent confuse. Je me sentis aspirée par la voix de Fan de Shola.

Je rouvris les yeux et me relevai doucement pour voir Mykaëlle, cette dernière se retourna vers moi, je lui souris doucement, la déesse posa deux doigts sous son menton et baisa le front de sa fille.

Va à Zénor,dit Fan. Tu y trouveras ce que tu cherche.

Elle se retourna vers moi, le regard grave, le palais et Shola s'effacèrent de mes yeux. La plage de Zénor se matérialisa. La vision me déplaça vers le vilage royal, j'y vis une jeune femme vêtue de l'armure des Chevaliers d'Émeraude. La vie l'avait quittée. Un autre Chevalier pleurait près d'elle. À leur gauche, une petite fille était couchée sur le torse d'un Chevalier. Soudainement, ma vision cessa. Fan me regardait toujours d'un air inquiet.

Sauve les, m'ordonna-t-elle.

Je m'inclinai et disparus en une pluie d'étoiles. J'apparus dans le village de Zénor. Je marchai entre les cadavres, les enflammant un à un. J'arrivai près de la jeune femme, je vis un homme magnifique marcher vers elle et tomba à genoux. Il dit quelque chose, la voix coupable. Je posai ma main sur son épaule.

N'ayez pas peur, dis-je de ma voix de cristal. Je posai deux doigts sur le front de la jeune Chevalière. Ta vie n'est pas finie, Nella d'Émeraude. Voici une seconde chance.

La jeune femme ouvrit brusquement les yeux, je lui souris avant de me tourner vers l'homme et la petite fille. Ses yeux bleus étaient ouverts et sa petite fille l'étreignait fort. Je posai une main illuminée sur le dos de la petite, lui faisant un brillant sourire. Je lui redonnant l'énergie qu'elle avait perdue en ressuscitant son père. Je disparus dans une autre pluie d'étoiles et réapparus dans la rotonde de Fan, qui me souriait. Je m'inclinai.

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Je n'eus même pas le temps de me questionner davantage que les deux femmes disparurent l'une à la suite de l'autre dans une volute de fumée. Je tendis la main vers ma mère, en vain. Mais son sourire était gravé à jamais dans ma mémoire, et son doux visage également. Je comprenais maintenant que j'avais toujours combattu pour le mauvais camp. En fait, j'avais raison de croire que j'étais différente des Midjins. Mais ils étaient ma famille. Et j'allais les faire changer de camp. Avec moi, ils allaient appuyer la vermine à combattre les insectes. S'ils ne possédaient plus de dragons, ils perdaient un précieux avantage.

Suivant mes pensées, Tessa couina, avant de me serrer fortement contre elle avec son aile. C'est alors que je me rappelai les paroles de ma mère. Zénor... Zénor... Je devais me rendre à Zénor pour trouver la réponse à mes questions. J'étais fortement inquiète, mais je savais que jamais ma dragonne ne me laisserait tomber. Je me hissai avec difficulté sur son dos, mais elle m'aida avec l'aide de son museau. Je n'eus qu'à enfoncer mes talons dans ses flancs pour qu'elle donne des coups d'ailes et prenne son envol.

- Allez Tessa ! lui chantais-je alors. À Zénor !

Je doutais qu'elle sache où est-ce que c'était, mais cette aventure allait s'avérer plutôt intéressante.

HJ/ Gone... Désolée pour le court post.

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