Coeur brisé (Nathan)

Cela ne faisait qu'une semaine que la première invasion avait été repoussée, je n'avais pas eu de nouvelles de mon époux. Cela aussi faisait une semaine, que je profitais de l'hospitalité des fées et de leur Reine. Pourtant, je ne quittais pas ma chambre, j'avais cessé de me nourrir et je ne faisais que pleurer. Nathan m'avait crié de partir, j'avais exaucé son voeux, en espérant qu'il vienne me chercher. Sept jours avaient passés et aucune nouvelle, pas même une vague d'amour. Pour ce qui était des miennes, je ne savais pas si elles atteignaient leur destinataire. Je me redressai dans le petit nid et vis la porte s'ouvrir.

Nathan? tentais-je dans un sanglot.

La porte s'ouvrit sur Naïda, la Reine du Royaume, elle me lança un regard penaud. Elle s'approcha de moi et s’agenouilla près de mon nid. Sa main se glissa dans mes cheveux, alors qu'elle me lançait une vague anesthésiante. Je la regardai, les yeux reluisants de larmes. Mon âme soeur me manquait; son enfant, qui grandissait en moi devait ressentir l'absence de son père. Mon amie m'aida à me relever, je ne portais qu'une robe de nuit aux multiples voiles, elle me guida dans les dédales du château des Fées, pour arriver à une pièce où coulait une petite cascade. L'eau tombait dans un petit étang. Je me retournai vers la Reine des Fées, les larmes aux yeux.

Tu dois reprendre des forces, Elllana, dis Naïda. Il le faut, pour l'enfant, qui grandit en toi.

Je baissai la tête, alors qu'elle m'aidait à me débarrasser de ma nuisette. Je me retrouvai nue devant une de mes meilleures amies, cette dernière posa de douces étoffes sur un rocher et une autre robe à voiles sur une petite table en cristal. Je posai le pied dans l'eau fraîche de l'étang, laissant les souvenirs de ma première fois avec mon âme soeur, m'envahir. Je m'enfonçai dans l'eau, jusqu'à ce que cette dernière m'arrive aux épaules. Je plongeai dans l'eau, afin de me purifier et de me laver. Mon ouïe fine entendit la porte s’ouvrir dans mon dos.

Je vais bien Naïda, dis-je d'une voix triste.

Je me réveillai en sursaut, les cheveux plaqués sur le crâne et des sueurs perlant sur tout mon corps. Je ne faisais que très rarement des rêves, puisque j'étais un Elfe. Mais j'étais supposé faire encore moins des cauchemars. Pourtant, depuis le départ d'Ellana, c'était la seule chose qui habitait mon esprit la nuit. Comme si mon père avait ressenti cette détresse, il avait décidé de venir faire un petit voyage à Émeraude. Il avait été très déçu de constater que j'avais laissé son plus jeune fils partir seul dans un pays étranger, mais également désemparé de voir dans quel état je me trouvais. En effet, quatre jours plus tôt j'avais envoyé l'Ordre en entier en mission. Tous, sauf moi. Le fait d'être un hybride ne donnait malheureusement pas tous les bons côtés des deux races. La plupart du temps, mes origines se confrontaient, et j'étais alors incapable de contrôler mes émotions. C'était exactement ce qui m'arrivait en ce moment. Ce qui était arrivé à Kesley... Le départ d'Ellana par ma faute... J'étais incapable de démêler le tout.

Soudain, une silhouette s'anima à mes côtés, et je ne pus m'empêcher que c'était de ma faute s'il s'était réveillé. D'un simple mouvement de la main, j'allumai toutes les bougies de la pièce, tandis que mon père se redressait lentement dans mon lit. Il avait ses propres appartements la durée de sa visite, mais il avait préféré dormir avec moi. Malgré toutes ces années passées loin de moi, il était toujours aussi protecteur à mon égard.

- Nathan? s'exclama vivement mon père. Vas-tu me dire ce que tu as à la fin?

J'enfouis brusquement mon visage entre mes genoux avant d'éclater en sanglots. Chose que je ne faisais pas beaucoup, non plus... Touché et surpris à la fois, mon paternel me frictionna le dos, attendant patiemment que je me calme. Lentement, mes sanglots cessèrent.

- C'est ma femme, hoquetais-je durement.

- Tu es marié ? s'exclama-t-il, visiblement surpris.

- Oui, soupirais-je. On m'y a forcé, mais je l'aime...

À voix basse, je confiai toute l'histoire d'Ellana et moi à mon père. Pour sa part, il continuait à caresser mon dos en silence, attentif. Il était le père que j'avais connu plus jeune. Lorsque j'eus terminé, il se leva, et commença à faire les cent pas dans ma chambre. Je le fixai, ayant repris mes esprits et mon fin stratège. Mais il n'eut pas à parler pour que je sache ce qu'il allait me dire. J'enfilai brièvement une tunique et un pantalons aux couleurs de l'Ordre. Je revêtis mes bottes les plus souples, sans pourtant prendre mon armure. Je localisai l'énergie de ma femme au royaume des Fées. Je croisai brusquement mes bracelets et m'enfonçai dans le maelström, sans voir le sourire de fierté qu'abordait mon paternel.

Étrangement, je n'avais pas localisé un endroit, mais plutôt Ellana. J'arrivai devant une porte, sans pourtant y voir ma femme. Lentement, je la poussai, surpris de la voir se prélasser dans un étang.

- Je vais bien Naïda, lança-t-elle d'une voix plate.

- Naïda... dis-je d'une voix mystérieuse. Ça me va bien comme prénom, non?

Je pris place assise près du petit étang dans lequel ma femme se purifiait. Puis, j'allai fouiller magiquement son être, afin de voir comment se portait mon enfant. Puisque les fées, les elfes et les humains n'avaient pas tous le même temps de gestation, il était impossible de déterminer combien de temps ma princesse le porterait.

- J'suis vraiment désolé, Ella, lui soufflais-je alors.

Je n'eus point le temps de me retourner qu'une voix que je connaissais que trop.

Naïda...fit la voix. Ça me va bien comme prénom. Non?

Je ressentis la présence de mon mari, mais restai dos à lui. Je sentis qu'il prenait place près de l'étang et inspectais ma personne. Je sentis son énergie plus profondément en moi, il cherchait à savoir comment allait notre enfant. Comme j'étais une hybride fée et elfe et que mon mari était hybride elfe et humain; je ne pouvais savoir ni comment, ni quand mon enfant viendrait au monde.

J'suis vraiment désolé, Ella, murmura Nathan à mon oreille.

Je fermai les yeux, tentant de retenir mes larmes. Le fait qu'il m'ait hurlé dessus, alors, que j'avais tenté de sauver son frère. Je me retournai brusquement vers mon mari, mes yeux plein de larmes. Je posai mes mains de chaque côtés de son visage et posai mes lèvres sur les siennes. Je laissai, alors, échapper un sanglot. Je retirai la tunique de Nathan et l'attirai dans l'eau avec moi. Une fois qu'il fut dans l'eau avec moi, je m'aggripai à son cou et croisai mes jambes contre sa taille. J'éclatai en sanglots amers dans les bras de mon mari.

Mon coeur... j'ai mal, pleurais-je. Je t'aime Nathan, je t'aime.

Je posai mes lèvres contre les siennes, pressant mon corps contre le sien. C'est alors que je sentis, un petit coup dans mon ventre. Je levai un regard surpris sur Nathan.

Tu... Tu .... Tu as senti? demandais-je étonnée.

Je savais bien que je lui avais fait de la peine. Même beaucoup. Et il ne fallait pas être un magicien pour le savoir. N'importe qui pourrait s'en rendre compte en se tenant à quelques pas de ma femme. Probablement ses origines de fée... Pendant un moment, je tentai de faire taire ma magie, afin de ne pas ressentir toute la gamme d'émotions qu'Ellana pouvait bien ressentir. En effet, étant mi-elfe, il y avait certaines émotions que j'étais incapable de supporter. Ou plutôt, de comprendre. Et la tristesse en faisait partie. Heureusement pour moi, ma partie humaine me permettait de l'identifier afin d'aider les autres, mais j'étais incapable de dire que je ressentais cette émotion. De plus, le fait d'être le seul représentant d'Osantalt n'aidait guère. Si les elfes d'Enkidiev avaient su comprendre leurs voisins humains, se marier avec eux et finir par se comprendre, ce n'était pas du tout la même chose pour mes ancêtes. C'était donc un constant combat en moi-même, mon sang humain voulant sans cesse rivaliser avec celui elfique. La naissance de Kesley avait permis à l'elfe en moi à évoluer, mais mon important sens du devoir de ce peuple ne cessait de me hanter. Cependant, contrairement à tous ceux de ma race, je ne désirais pas une épouse fidèle qui était avec moi par devoir. Je voulais de la passion, de l'amour, un vrai. L'exemple cru de mes deux parents. Et Ellana était tout ce que je désirais.

Soudainement, ma jeune épouse se retourna vivement vers moi, les yeux remplis de larmes. Incapable de m'émouvoir devant ce spectacle, je me contentai de poser mes noisettes dans ses yeux, cherchant à la réconforter de cette façon. Mais aussitôt, Ellana s'empara de mon visage afin d'aller embrasser mes lèvres avec tendresse et passion, comme si elle me retrouvait après des années. De par ce comportement, elle était beaucoup plus fée que elfe. Car une elfe se serait contentée de discuter de la situation, simplement pour faire son devoir. Je me laissai faire lorsqu'elle me retira ma tunique, afin de m'emporter dans l'eau avec elle. Son petit corps nu s'enroula alors autour du mien, et je ne pus que refermer mes bras sur elle. Cependant, j'étais totalement impuissant face à ses sanglots.

- Mon coeur... haleta-t-elle. J'ai mal. Je t'aime Nathan, je t'aime.

Sur ces paroles, ma passion humaine prit le dessus, et j'étreignis fortement ma femme afin de lui rendre ses baisers. Je pouvais entendre un bourdonnement au-dessus de nos têtes. Les fées nous observaient... Mais c'était dans leur nature. Le moindre petit amour les réjouissait, et ce devait être le cas pour cette réconciliation.

Soudain, je sentis un petit coup contre ma poitrine, et aussitôt ma femme mit fin à ses baisers. Elle me regarda, visiblement surprise. Ça provenait bel et bien de son ventre. Heureusement qu'elle était mi-elfe, sinon nous aurions du avoir recours à un père porteur afin d'avoir des enfants.

- Tu... Tu... Tu as senti ? me demanda Ellana dans l'étonnement le plus total.

Un léger sourire se dressa sur mes lèvres, tandis que je hochais lentement la tête de haut en bas. Étant un être magique, le petit avait probablement reconnu la présence de son père à proximité. J'embrassai tendrement les lèvres de ma douce, tout en fouillant son être. Ma curiosité l'emportait étrangement sur le reste. En fait, je voulais connaître le sexe de mon bébé, et surtout savoir comment il allait être mis au monde.

- C'est une fille... murmurais-je dans l'étonnement le plus total.

- Et elle ne survivra pas dans le ventre de sa mère, lança alors une voix de fée. Nous devons la sortir de là et la nourrir au nectar, comme tous les bébés fées avant elle.

Intrigué, je fixai mon épouse. Était-elle au courant de ces conditions pour les fées ? Je ne voulais pas perdre mon enfant parce qu'une stupide personne avait décidé qu'elle nous le retirait avant son terme. Je savais bien que les unions entre les fées et les elfes n'étaient jamais bien perçues, mais pas au point de leur retirer leur enfant. De plus, cet enfant serait le premier représentant des trois races...

- Et qu'est-ce qui me dit que vous me dites la vérité ? demandais-je sur la défensive, en cachant Ellana derrière moi comme pour la protéger.

Nathan sourit, en hochant la tête de façon positive. Mon mari posa ses lèvres sur les miennes avec tendresse, en même temps, je sentis sa magie en moi. Je me branchai sur sa recherche et compris qu'il cherchait à savoir le sexe de notre enfant.

C'est une fille...dit-il dans un souffle.

J'allais sourire et embrasser mon mari, lorsque Naïda fit irruption dans la pièce, son regard sérieux me glaça.

Et elle ne survivra pas dans le ventre de sa mère, dit la Reine des Fées. Nous devons la sortir de là et la nourrir au nectar, comme tous les bébés fées avant elle.

Nathan me regarda d'un air surpris. Je savais qu'il en était ainsi chez les Fées, mais chez les Elfes, les femelles menaient leur grossesse à terme. Puisque j'étais hybride fée et elfe, comment allais-je faire? Il ne fallait pas oublier que Nathan n'était pas complétement humain, non plus, il était le seul représentant d'Osantalt sur Enkidiev. Ma fille serait donc fée,elfe et humaine.

Et qu'est ce qui me dit que vous dîtes la vérité, dit Nathan en me cachant derrière lui.

Je grimpai et me blotti dans son dos, comme un bébé chat, je lui transmis une vague d'appaisement. Je sondai mon amie, afin de savoir si elle ne nous cachait rien. Cette dernière était honnête, elle ne voulait que le bien de mon enfant, qui unirait les peuples du continent.

Elle dit vrai, amour, dis-je doucement à l'oreille de mon mari. Quand devons nous procéder? demandais-je à Naïda.

Elle me regarda d'un regard doux. La Reine des Fées prit la robe sur la petite table et me la tendis.

Maintenant, dit-elle de sa voix chantante.

Je me décollai de Nathan et sortis de l'étang, pour revêtir la robe que ma bonne amie me tendait. Je me retournai vers mon mari, souris et lui tendis la main, afin qu'il m'accompagne.

Tu choisiras son nom, dis-je à mon âme soeur.

J'avais plusieurs défauts, mais j'étais loin d'être agressif. À moins de m'en donner une bonne raison. Comme menacer ou attaquer les miens, par exemple. Dans ce cas, je devenais encore plus colérique que mon petit frère. Personne ne s'en prenait à ma famille ou mes amis sans y risquer sa peau. Et cette femme, je ne la sentais pas du tout. Je n'avais pas encore sorti les crocs, mais je gardai ma femme derrière moi, au cas où. Je mourrais pour la défendre, elle et notre petite fille. Je ne la verrais peut-être pas grandir, mais au moins elle serait en sûreté.

Alors que j'allais monter mes mains en position de défense magique, mon épouse grimpa sur mon dos et me transmis une puissante vague d'apaisement, qui détendit non seulement mes muscles, mais également ma conscience. Ça me permit alors d'aller voir dans sa tête si elle se jouait de nous. Je sentis Ellana procéder exactement au même examen magique, ce qui me rassura profondément.

- Elle dit vrai, amour, me minauda la princesse elfique à l'oreille.

Justement, je venais d'en venir à la même conclusion. Mais ça ne m'empêchait pas de ne pas lui faire confiance. Il était totalement anormal pour mes deux races de sortir un bébé du ventre de sa mère avant la fin de sa gestation. Non seulement je ne voulais pas perdre mon enfant, mais je n'étais également pas prêt à ce qu'il vienne au monde maintenant. Le ventre de ma femme n'était même pas encore gonflé ! Je savais bien qu'un Chevalier d'Émeraude se devait de servir tous les monarques de ce continent et même du Nouveau Monde, mais même au péril de la vie de sa famille ? J'avais malheureusement prononcé deux serments qui se confrontaient l'un à l'autre, ce qui ne me rendait pas la tâche facile.

- Quand devons-nous procéder ? demanda Ellana de sa douce voix.

- Maintenant, répondit la Reine des Fées.

Sa réponde était si soudaine que je me figeai sur place, totalement incapable de retenir ma femme qui allait à la rencontre de cette reine, afin de se saisir du vêtement qu'elle lui tendait. J'étais pas prêt à ça du tout. Je restai muet et figé pendant quelques minutes, jusqu'à ce que je constate qu'Ellana me tendait la main, le sourire aux lèvres. Mais comment pouvait-elle être joyeuse ?

- Tu choisiras son nom, tenta-t-elle alors.

- Non, dis-je en me redressant. Il n'est pas question qu'une salope arrache notre enfant de ton ventre.

Je fis quelques pas vers mon épouse, mais une force inconnue me projeta violemment contre l'un des murs de la pièce, comme une géante gifle. Je gisais maintenant sur le plancher, le nez cassé et le visage couvert de sang. La reine s'avançait vers moi, les ailes déployées et le visage empreint d'une colère que je n'avais jamais vue chez cette race. Je croisai mes bracelets afin de disparaître, mais une puissante magie m'empêcha de joindre mes poignets.

- Tu n'es qu'un lâche Nathan d'Osantalt, et c'est la salope de Reine des Fées qui le proclame ! me lança-t-elle d'une voix haineuse. Cet enfant, tu ne le verras jamais !

Je n'eus pas le temps de protester que je me retrouvai dehors du palais royal, sous une immense pluie torrentielle. Je savais que sans une Fée, je serais incapable de trouver l'entrée, et que même si je dirigeais mes pensées vers Ellana avec mon maelström, la reine m'empêcherait de trouver mon chemin jusqu'à elle. Je levai les yeux au ciel, sachant très bien que cet orage n'avait pas été provoqué par le dieu Liam. Elle était d'origine magique, et ce n'était ni Kesley, ni Aëlys qui l'avait provoqué. Je poussai un puissant cri de rage, tandis que les paroles de Naïda revenaient dans mes pensées... Jamais je ne verrai mon enfant...

Ellana ? tentais-je télépathiquement.

Aucune réponse. Comme si mes communications par les pensées avaient été bloquées. Pour tester ma théorie, je décidai d'adresser un message à Alix. Celui-ci me répondit sur le champs. C'était donc la reine qui m'empêchait de parler à ma femme. Même son énergie ne me semblait plus perceptible. Ni celle de ma fille, d'ailleurs. Les larmes commencèrent à couler alors abondamment sur mes joues. Si elle leur avait fait du mal, elle allait le payer de sa vie, c'était certain.

- VOUS N'ÊTES QU'UNE SALOPE ! hurlais-je alors.

L'expression qu'arborait mon mari me figea. Je ne pouvais comprendre pourquoi il ne souriait pas à l'idée de voir sa fille pour la première fois. Je croyais qu'il serait heureux.

Non, dit-il. Il n'est pas question qu'une salope arrache notre enfant de ton ventre.

Toute l'agressivité dans son ton me foudroya. Naïda était ma meilleure amie, je lui faisais une confiance aveugle. Je vis Nathan faire quelques pas en ma direction, je n'eus point le temps de tendre les bras vers lui, qu'une force invisible le fit revoler loin de moi. Mon âme soeur gisait sur le sol, blessé et couvert de sang. Je voulus accourir vers lui, mais cette force me retenait en place. Naïda déploya ses grandes ailes et avança vers mon amoureux, le regard plein de colère. Je vis Nathan vouloir croiser ses bracelets, mais il en fut incapable.

Tu n'es qu'un lâche Nathan d'Osantalt et c'est la salope de Reine des Fées, qui le proclame, lança mon amie d'un ton agressif. Cet enfant, tu ne le verras jamais!

Sur ces mots, Nathan disparut. En fait, je pouvais le voir à travers le cristal du château, mais lui ne semblait pas me voir. Je courus vers le mur et commençai à frapper dessus, à m'en faire saigner les jointures. Ellana, entendis-je la voix de mon mari dans mon esprit. NATHAN, hurlais-je dans mes pensées. Ce dernier ne m'entendait pas, je vis des larmes couler le long de son magnifique visage. Ce qui me plongea dans une peine sans limite.

VOUS N'ÊTES QU'UNE SALOPE, hurla mon mari.

Je me retournai vers mon ancienne amie. Je plongeai un regard royal dans le sien.

Ramène-le moi, exigeais-je. Ramène-moi mon mari. Il est mien. Cet enfant est sien. Ramène-moi Nathan ou je m'arrache moi-même cet enfant de mon corps et il ne survivra pas.

Des larmes de rage coulaient sur mon visage de porcelaine, alors que la Reine des Fées, qui normalement était toujours émotive et joyeuse, restait de glace. Je poussai un cri si aigu de rage, que le mur derrière moi craqua. Je me retournai et posa la main sur la craque. Je compris que mon cri venait d'affaiblir le mur, qui me séparait de mon aimé. Il était rare de voir un elfe entrer dans une rage profonde, mais personne ne s'attaquait à mon mari. Je levai mes mains et les pointai vers le mur. Un puissant rayon incandescent le fit exploser. Plus rien ne me séparait de mon époux, qui sembla surpris de me voir apparaître devant lui. Je courus rapidement jusqu'à lui et grimpai dans ses bras.

Emmènes-nous loin d'ici, chuchotais-je à Nathan.

Je ne me reconnaissais plus. Moi qui habituellement était un être pacifique et calme, bien qu'armé de ses défauts, j'étais maintenant en train de m'en prendre à un membre de la monarchie d'Enkidiev. J'étais supposé être leur serviteur, mais ça m'était totalement impossible face à cette reine. Elle jouait un double-jeu, c'était évident. Mais j'aurais du mieux jouer mes cartes. Par ma faute, Ellana était seule face à cette sans coeur. Je tentais de me calmer, de stopper les larmes de couler sur mes joues, mais c'était tout simplement impossible. La simple vue du visage de ma femme dans mon esprit réussissait à me faire paniquer. La pluie plaquait mes cheveux sur mon crâne, tandis qu'un bourdonnement incessant commençait à se faire entendre au-dessus de moi. Les Fées se réunissaient. Pourtant, elles étaient des créatures pacifiques et joueuses. Venaient-elles vraiment pour assister au meurtre de mon enfant ?

Soudainement, directement devant moi, je vis apparaître ma femme. Derrière elle, je pouvais voir qu'elle avait fracassé le mur. Bien que l'extérieur du palais m'était invisible, je pouvais en voir l'intérieur. Par le trou qu'avait créé Ellana, j'allais pouvoir retourner à l'intérieur. Cette reine de pacotille n'allait pas s'en sortir sans conséquences. Mon mariage avec la Princesse des Elfes avait fait de moi le Prince des créatures sylvestres, ce qui me donnait une certaine autorité. Des êtres royaux avaient amplement le droit d'en remettre d'autres à leur place lorsque ceux-ci dépassaient leurs limites.

Sans crier gare, Ellana fonça directement dans mes bras, s'y blottissant aussitôt. Avec l'aide de mes pouvoirs magiques je fouillai son être, soulagé de voir que mon enfant s'y trouvait encore. Je la serrai fortement contre moi, tandis que le bourdonnement se faisait de plus en plus étourdissant. Mais je n'allais pas quitter ce pays sans avoir dit mon dernier mot.

- Emmène-nous loin d'ici, me réclama doucement ma femme.

Je posai tendrement mes lèvres sur le dessus de sa tête, avant de l'obliger à remettre les pieds au sol. J'élevai une barrière de protection magique autour d'elle, puis je me dirigeai à grandes enjambées vers la fissure dans le mur transparent. Mais je n'eus pas à aller plus loin, que la Reine Naïda sortit par elle-même, toujours armée de son visage sévère. Arrivée à ma hauteur, elle ne fit que faire apparaître un immense poignard dans ses mains, avec lequel elle me transperça sauvagement. Je pus entendre ma femme hurler vers l'arrière, mais ma magie l'empêchait de réagir. Je me laissai choir sur les genoux, tandis que Sa Majesté se penchait pour être à ma hauteur.

- Cet enfant est une menace pour tous les peuples de ce monde, dit-elle d'une voix forte afin que tous ses sujets l'entendent. Il doit mourir aujourd'hui.

- Il les unira, au contraire, répondis-je en crachant du sang.

- Quelle mort stupide, me dit-elle, hautaine. Incapable de sauver son propre enfant...

- En effet.

Brusquement, je dégainai mon épée, qui s'enfonça violemment dans la gorge de la Reine des Fées. Ça ne prit même pas un instant que son corps se vida de son sang et que la vie quitta son être. Aussitôt, les Fées commencèrent à apparaître au-dessus de nous, marmonnant entre elles. Je retirai le poignard de ma poitrine, qui avait endommagé des organes internes. Je gémis de douleur, ce qui eut pour effet de sortir ma femme de sa torpeur. Elle se précipita à mes côtés. Je lui souris tant bien que mal.

- J'ai... J'ai lu ses pensées, haletais-je avec difficulté. Ta gestation sera comme celle d'un humain normal. A... Alix s'occupera de toi.

Les douces lèvres de mon époux allèrent se poser sur ma tête, je priai qu'il ne cherche pas à se battre avec la Reine, puisqu'elle était extrêmement puissante. Nathan me posa au sol et fit apparaître une barrière magie autour de moi, rien ne pourrait me toucher. Je vis mon amour s'avancer vers Naïda d'un pas décidé vers le trou, que je venais de créer dans le mur du Palais. La Reine avança vers lui, le regard sévère. Ce ne fut lorsque je vis mon ancienne amie faire apparaître un poignard et agresser mon mari, que je lâchai un long cri d'horreur. Je ne pouvais rien faire d'autre, car la barrière d'énergie, m'empêchait d'avancer vers mon doux Chevalier. Nathan tomba à genoux, Naïda en profita pour se pencher à sa hauteur.

Cet enfant est une menace pour tous les peuples de ce monde, dit la Reine des Fées d'une voix forte. Il doit mourir aujourd'hui.

ELLE, criais-je dans ma tête, mon enfant est une fille! Rapidement, je me mis à ressentir une émotion, que je n'avais jamais ressentie, la haine.

Il les unira au contraire, répondit Nathan.

Je vis mon amour cracher du sang, la lame devait avoir endommagée des organes.

Quelle mort stupide, ria Naïda. Incapable de sauver son propre enfant.

En effet, répondit Nathan.

Rapidement, il dégaina sa longue épée et l’enfonça profondément dans la gorge de mon ancienne amie.En l'espace de quelques secondes, la fée se vida de son sang et de sa vie. Le Peuple des Fées en entier apparut au dessus de nos têtes. Je ressentis un sentiment de fierté. Lorsque je me rendis compte que la barrière s'était évaporée, je fonçai vers Nathan, qui retirait le long poignard de son ventre avec une plainte sourde. Je me mis à genoux à ses côtés, son visage s'illumina d'un sourire.

J'ai... J'ai lu ses pensées, balbutia mon mari. Ta gestation sera comme celle d'un humain normal. A...Alix s'occupera de toi.

Un torrent de larmes s'échappa de mes yeux turquoises, je secouai la tête avec entêtement. Non, il ne me laisserait pas seule en ce monde. J'illuminai mes paumes d'une lumière blanche et les posai sur le torse de mon amour. Je ressoudai tous les tissus et organes, mais je ne pus lui redonner le sang et l'énergie vitale, qu'il avait perdu. Je me couchai sur le corps de mon mari, un doux halo de couleur rose nous entoura, étrangement, il ne venait pas de moi, mais de mon ventre. Ma fille tentait de sauver son père. Lorsque le halo s'effaça, une petite fée s'approcha de moi, je levai un regard méfiant vers elle.

Vous nous avez délivré du règne de Naïda, nous vous en sommes reconnaissants. dit-elle de sa petite voix. Votre mère était la soeur de notre ancien Roi, le pouvoir vous revient de naissance. Nous emmènerons votre âme soeur dans la Salle des Regrettés.

Avant que je n'aie pus dire un seul mots, une myriade fées prirent Nathan et entrèrent dans le Palais. Toujours méfiante, je me levai et vis le reste du Peuple s'incliner devant moi. Je suivis le reste des Fées dans le palais et me rendit à la chambre que j'avais occupée. Je me couchai dans le petit nid et m'endormis dans un long sommeil.

***

À mon réveil, je vis la fée, qui m'avait annoncé que le trône m'appartenait, se pencher sur moi, l'air grave. Je me redressai rapidement et la suivis sans un mot dans le Palais, nous entrâmes dans la Salle des Regrettés, Nathan n'y était plus. Mon coeur se mit à battre rapidement, craignant que les Dieux l'aie reprit. Je sortis de la salle en un coup de vent, me mis à déambuler dans les couloirs du palais des Fées, en me guidant de son énergie magique. Cette dernière me mena à la salle du Trône, je sentis l'énergie familière de mon amoureux derrière moi.

Nathan, chuchotais-je sans me retourner.

Je sentis des mains se poser sur mes hanches et monter en glissant vers mes épaules. JE souris et me retournai vers mon mari.

Tu es vivant, dis-je en l'embrassant sur les lèvres.

Lentement, je levai la main afin d'aller caresser la joue de ma tendre épouse, mais jamais elle ne se rendit à destination. Mes forces venaient de m'abandonner complètement. Je me contentai donc de regarder et de détailler son visage pour une dernière fois, admirant sa beauté malgré le torrent de larmes qui y coulait. Je serais dans le même état si Ellana était elle-même en train de mourir dans mes bras. Étrangement, je n'éprouvais aucun regret. Pas même celui de laisser mes hommes alors que l'ennemi était toujours présent. Je savais qu'ils n'avaient pas réellement besoin de moi. J'étais facilement remplaçable, et j'avais un très bon bras droit. Je savais qu'Aden prendrait ma place avec facilité. Après tout, il avait la trempe d'un Chef, probablement plus que moi. En fait, la seule chose que j'allais sans doute regretter sur les Plaines de Lumière était le fait de n'avoir jamais pus voir le minois de ma fille. Au moins, je la savais en sécurité.

Je souris une dernière fois à ma femme, avant de lentement rendre mon dernier souffle.

*********

Doucement, je battis des paupières. Je me trouvais dans un endroit qui semblait totalement infini. Curieusement, je flottais dans le vide, sur un petit nuage. Était-ce cela, les Grandes Plaines de Lumière ? Je me redressai en position assise, souhaitant me retrouver sur le sol. Du moins, ce qui servait de sol ici. Mon désir fut exécuté, et je posai mes pieds sur le sol. Des bruits de pas résonnèrent, ce qui me donna l'impression d'être encore en vie. Un être d'une très grande beauté se posa alors devant moi. Je dis poser, car il possédait des ailes. Était-ce un dieu qui prenait l'apparence d'une Fée ? Je le fixais, tentant de déterminer qui il était. Aucune des statues de dieux que j'avais pu voir dans ma vie lui ressemblait...

- Votre Majesté, me salua-t-il alors en inclinant doucement la tête. Ravi de vous revoir en vie.

- En... En vie ? balbutiais-je.

Il inclina doucement la tête de haut en bas. Je baissai la tête, heureux de constater que je portais un pantalon léger. Je n'avais pas de bottes ni de tunique, mais je m'en fichais. Si j'étais en vie, la première chose que je souhaitais faire était de retrouver ma femme. Comme s'il avait compris ce que je souhaitais faire, l'homme-fée me fit signe de le suivre, ce que je m'empressai de faire. Il m'avait appelé Majesté, mais j'avais décidé de ne pas lui mentionner que je n'étais pas un être de sang royal. Prince par alliance, mais c'était bien tout.

Je le suivis dans une ribambelle de couloirs, pour finalement atterrir dans la salle du trône chez les Fées. Je ne pris même pas la peine de prendre un siège. Ici, je savais que les objets s'enfuyaient. Eh oui. Même les divans possédaient une personnalité.

- Votre fille est extrêmement puissante, s'exclama l'homme. C'est à elle que vous devez la vie.

Je me retournai vers lui, afin de lui poser des questions, mais il déploya ses ailes afin de s'envoler vers le plafond, qu'il traversa sans aucune difficulté. Une énergie familière me frappa de plein fouet. Je me retournai, pour apercevoir la silhouette parfaite de ma femme. Je me dirigeai vers elle à grands pas, posant mes mains contre ses hanches, les remontant ensuite sur ses épaules. Elle se retourna aussitôt vers moi, le sourire aux lèvres.

- Tu es vivant, s'étonna-t-elle avant d'embrasser mes lèvres.

Je lui souris à mon tour, prolongeant le baiser le plus longtemps que je le pouvais. Les dieux m'avaient donné une seconde chance, et je n'allais pas la gaspiller. J'allais faire tout mon possible pour éliminer le mal en ce monde, et rendre ma famille heureuse. Je mis fin au baiser à regret, avant de plonger un regard sérieux dans celui de ma femme.

- Un homme-fée m'a appelé Majesté... commençais-je d'une douce voix.

Je la vis se raidir aussitôt. L'avait-on proclamé reine pendant que je n'étais plus là ? Si oui, nous allions devoir avoir une discussion. Car il était hors de question que je devienne le roi des Fées. Ni le roi des Elfes. Je ne voulais être le roi de rien du tout.

Je vis le visage de mon mari s'illuminer d'un sourire, alors qu'il prolongeait notre baiser. Je ressentis un profond bonheur, ce qui fit battre mon coeur à tout rompre. Ma fille venait de sauver son père, elle n'était même pas encore née, elle allait être une puissante hybride, ce qui me remplit de fierté. Nathan brisa notre baiser, à mon grand regret, il posa un regard sérieux dans mes yeux turquoises.

Un homme-fée m'a appelé Majesté...dit-il d'une voix douce.

Tout mon corps se raidit d'un seul coup, oui, on m'avait proclamé Reine des Fées, mais je n'avais rien accepté. Je vis bien dans le regard de mon époux, qu'il ne souhaitait aucunement régner sur un Royaume, peut importe lequel. Je baissai la tête. J'étais une Princesse, j'étais appelée à régner un jour... Je me blottis contre le torse de Nathan, le serrant le plus fort, que je le pouvais dans mes bras. Je profitai de cette étreinte, pour lui envoyer une vague d'apaisement.

On m'a proclamé Reine des Fées, avouais-je. Mais je n'ai pas accepté le trône, je voulais en discuter avec toi. Selon les autres fées, ma mère était la soeur de leur ancien Roi et comme Naïda n'a jamais eu d'enfants, je serais l'héritière du Trône des Fées.

Je relevai un regard inquiet vers mon époux. Je pris sa main et la posai contre mon ventre, un peu rebondi. Il avait raison, ma gestation se faisait comme une humaine, mais elle était beaucoup plus rapide. Je lançai un petit sourire, lorsque ma fille donna un bon coup de pied sous la main de Nathan. Je pus voir son regard s'illuminer.

C'est ta fille, elle t'a sauvé, dis-je pleine de fierté. Je crois qu'elle veut que tu la nomme. Je crois qu'elle veut entendre son père.

Je posai mes lèvres sur celles de mon mari, mais rigolai, lorsque je sentis un autre coup de pied.

Elle aura ton caractère, dis-je amoureusement à Nathan.

Je n'eus même pas à insister, ni à aller fouiller dans son esprit pour savoir qu'on l'avait bel et bien proclamé reine des Fées. Elle baissa aussitôt la tête, comme si elle était coupable. Ce n'était tout de même pas de sa faute si elle était de sang royal. Je la serrai plus fortement dans mes bras afin de la rassurer. Je n'étais pas du tout fâché, mais il était clair et net que jamais je ne régnerai. Si elle voulait le faire, ce serait sans moi. Je savais bien que c'était pour régner sur le royaume des Elfes qu'on m'avait marié à Ellana, puisque j'étais le seul représentant d'Osantalt sur Enkidiev, mais on m'y avait forcé, et je n'avais pas encore dit mon dernier mot. Je savais également que le roi d'Émeraude allait intervenir en ma faveur, jusqu'à déclarer une guerre au peuple sylvestre. Je devrai seulement m'assurer que mon épouse serait à Émeraude lorsque ça arriverait, afin qu'il n'arrive rien à elle, ni à notre fille.

Comme si elle suivait mes pensées, son étreinte se resserra également, tandis qu'elle se faisait plus petite contre mon torse. Je n'eus pas le temps d'ouvrir la bouche pour la rassurer qu'elle m'envoyant une puissante vague d'apaisement, qui me frappa de plein fouet. Je fermai les yeux, totalement sous son charme. Jamais je n'aurais pu trouver meilleure épouse sur ce continent et sur les autres, j'en étais plus que certain.

- On m'a proclamé reine des Fées, se livra ma princesse. Mais je n'ai pas accepté le trône, je voulais en discuter avec toi. Selon les autres Fées, ma mère était la soeur de leur ancien roi et comme Naïda n'a jamais eu d'enfant, je serais l'héritière du trône des Fées.

Je haussai un sourcil, incrédule. Non seulement elle était l'héritière du trône des Elfes, mais également de celui des Fées ? J'avais beau l'aimer, mais mon titre de Chevalier m'avait fait renier tout ça. Il m'était impossible de devenir roi. Du moins, c'était ce que moi je voulais. Je connaissais le code par coeur, mais je ne connaissais pas ces petits détails diplomatiques.

Ma femme releva son regard turquoise dans mes noisettes, avant de prendre ma main pour la poser contre son ventre déjà légèrement rond. Je pouvais sentir l'énergie de ma petite fille en elle, ce qui m'illuminait de bonheur. Soudainement, elle donna un petit coup de poing, ce qui me fit sourire, chose rare ces derniers temps. En fait, je dus même lutter contre mes larmes de joie, car l'orgueil faisait malheureusement parti de mon être.

- C'est ta fille, elle t'a sauvé, me souffla Ellana. Je crois qu'elle veut que tu la nommes. Je crois qu'elle veut entendre son père.

Je souris de plus belle, absolument heureux. Je m'étais tellement concentré sur ma carrière militaire que je n'avais pas pensé au bonheur que pouvait provoquer un enfant. Ma femme se hissa sur la pointe des pieds afin d'embrasser mes lèvres, mais je pus sentir un nouveau coup contre le bas de mon ventre. Serait-ce de la jalousie ? Je ne pus m'empêcher de rire avec Ellana, la gardant dans mes bras.

- Elle aura ton caractère, se moqua-t-elle.

Je lui lançai un regard amusé, tandis que je m'accroupissais, afin que ma bouche soit à la hauteur de la ventre de mon épouse. J'y posai un tendre baiser, et je pus sentir l'amour que ma fille tentait de m'envoyer magiquement.

- Salut ma petite Aliss, murmurais-je en posant mes deux mains contre le ventre rebondi d'Ellana. Papa et maman t'aiment beaucoup, ma petite coccinelle, et on a hâte de te voir. Seras-tu laide comme ta mère, ou parfait comme ton père ?

La petite asséna un puissant coup de pied, ce qui me fit éclater de rire. J'avais bien le droit de me moquer de ma femme !

Nathan se mit à genoux devant moi, sa bouche à hauteur de mon ventre, il y déposa un doux baiser. C'est alors que je pus ressentir toute l'amour, que ma fille lui envoyait à l'aide de sa puissante énergie. Je vis que mon mari ressentais la même chose que moi, ce qui me fit sourire.

Salut ma petite Aliss, dit-il d'une voix douce. Ses mains se posèrent sur mon ventre. Papa et maman t'aiment beaucoup, ma petite coccinelle, et on a hâte de te voir. Seras-tu laide comme ta mère , ou parfaite comme ton père?

Aliss approuva son père d'un fort coup de pied sous la main de Nathan, qui se mit à rire. Je souris à le voir de nouveau heureux, cela faisait longtemps qu'un sourire n'avait pas illuminé le visage de l'être que j'aimais. Avec une infinie douceur, je pris la main de mon Chevalier et l'aidai à se relever, pour me blottir contre son torse musclé. Mes prunelles turquoises se plongèrent dans celles noisettes de mon amour. Mes lèvres allèrent caresser les siennes.

Aliss est un nom parfait pour notre petite déesse, susurrais-je contre sa bouche. Je pris un air sérieux. Je ne veux pas qu'elle soit élevée comme une princesse gâtée, je veux qu'elle ait tes valeurs. Emmènes-nous à Émeraude.

Je savais que cette requête ferait plaisir à mon mari, lui ne voulant point régner sur un Royaume et moi, qui ne voulait que vivre le reste de mon existence à ses côtés. Avec une passion infinie, je posai mes lèvres dans le cou de Nathan, avant de frotter le bout de mon nez contre la pointe de son oreille. Je souris, sachant qu'il ne me refuserait rien sous ces caresses.

Je t'aime, Nathan d'Émeraude, gémis-je doucement contre son torse.

Heureux. Voilà ce que j'étais. Et je ne pensais plus que ça pouvait être possible. En fait, j'avais seulement fermé les yeux. Fermé les yeux sur tous les petits bonheurs que la vie pouvait m'apporter. Comme ma femme, ou alors l'enfant qui grandissait dans son ventre. Tout était là, à portée de mains, et j'étais incapable de le voir. Mais tout ça allait changer à partir de maintenant. J'allais m'occuper de ma famille, comme si c'était la seule et unique chose que je possédais en ce monde. Ça, et mon armée. Ils étaient ma première famille, à laquelle je pouvais bien coller ma petite famille à moi. Mon frère, ma femme et mon enfant. Tous ces gens étaient absolument tout pour moi. Je ne pouvais plus me permettre d'en laisser mourir. Je me devais de mettre fin à cette guerre au plus vite. Et personne n'allait m'en empêcher, quitte à y laisser moi-même la vie.

Doucement, ma tendre épouse s'empara de mes mains afin de m'aider à me relever. C'était pour elle, et pour tous ceux que je côtoyais et aimais que j'allais mettre fin à cette terreur. Chose qu'ils n'avaient jamais réellement fait auparavant. Je parlais bel et bien des deux Ordres de chevalerie qui avaient tenté de vaincre l'ennemi avant nous. Aussitôt que je fus à sa hauteur, Ellana se blottit contre mon torse et se hissa sur la pointe des orteils afin de venir me voler un tendre baiser.

- Aliss est un nom parfait pour notre petite déesse, me murmura-t-elle au travers le baiser.

Je ne pus m'empêcher de sourire en décollant mes lèvres des siennes, et je dus retenir un fou rire tandis que je voyais son air amoureux se transformer en un air plus que sérieux.

- Je ne veux pas qu'elle soit élevée comme une princesse gâtée, je veux qu'elle aie tes valeurs. Emmène-nous à Émeraude.

Mon ventre se gonfla d'orgueil. Rien ne me ferait plus plaisir que d'emmener ma petite famille à Émeraude, mon chez moi à moi. Le seul endroit au monde où je pourrais élever ma petite princesse en toute quiétude. Je savais bien que dans un couple, le bonheur se vivait à deux, mais ma petite femme savait très bien que je ne pourrais vivre loin de mon pays d'adoption. Et jamais je ne pourrai laisser mon frère seul, même s'il avait le meilleur maître du monde. Quoique disparue, elle n'en était pas moins une bonne chevalière.

Lentement, je pus sentir avec extase les lèvres de mon épouse dans le creux de mon cou, ce qui me fit frissonner. Les joies d'être hybride, j'imagine. Comme si elle avait entendu mes pensées, elle se hissa sur la pointe des pieds afin d'aller frotter son nez contre mon oreille pointue. Je me mordis la lèvre inférieure, tentant de résister au désir de la prendre, là maintenant.

- Je t'aime Nathan d'Émeraude, susurra-t-elle lorsque son visage fut de retour contre mon torse.

Je souris en la serrant fortement, profitant de ce moment pour humer le doux parfum de sa chevelure afin de l'imprégner dans mon esprit. Il était sûr que plus jamais je ne l'oublierai.

- Moi aussi je t'aime, murmurais-je d'un ton à peine audible.

Doucement derrière son dos, je croisai mes bracelets en pensant à la cour d'Émeraude. Un vortex suffisamment grand pour nous deux s'ouvrit, et j'y poussai doucement ma femme avant d'entrer à sa suite.

HJ/ Parti!

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