Une exposition inoubliable

Messages : 4 Date d'inscription : 27/02/2016

Je me réveillai ce matin, l'aube se levait aussi. Je repoussai l'épaisse couverture de laine, qui recouvrait mon corps musclé et posai les pieds sur le sol frais de ma hutte. Je jettai un long coup d'oeil à l'intérieur de cette dernière, les murs de mon habitation étaient couverts de peintures et d'oeuvres d'art humaines. Je m'étais mis à aimer l'art, juste après que mon cher père soit venu m'humilier devant mon village. C'était aussi après cet évennement humiliant, que je m'étais mis à exprimer mes émotions.

Me levant, je jettai un regard à mon reflet dans la glace, avant d'ouvrir mon coffre et d'y sortir une tunique verte foncée et un pantalon noir de lin. Je revêtis le tout et aggripai les sacoches de provisions, que je m'étais préparé la veille. Lorsque je sortis de ma hutte, le village commençait à se réveiller, ma mère, Sarani, sortit de sa hutte et vint me faire une tendre accolade. Elle se recula de deux pas, avant de plonger son regard vert pâle dans le mien. Je la laissai s'infiltrer dans mon espit .

- Sois prudent, Bandon, me dit-elle, d'un ton doux.

Je lui souris et posai une main rassurante sur son épaule. Il n'était pas rare, lorsque je partais, que je laissais ma mère diriger le village en mon absence. L'une des milles et unes règles de mon cher paternel, que je brisais. J'acceptais que notre village soit dirigé par une femme, j'acceptais les unions avec les humains et l'homosexualité. Raison de plus, pourquoi mon village était le plus isolé du Royaume.

Je tournai le dos à ma chère mère et marchai vers l'enclos, où broutait mon cher destrier. J'y accrochai les sacoches et grimpai en scelle.

***

Après trois jours de cheval, j'arrivai au Royaume de Rubis. Je n'avais rien trouvé à Opale ou Diamant, qui m'intéressait. On disait que la Princesse Greta de Rubis était une artiste formidable, piqué de curiosité, je décidai de me diriger vers sa demeure. Après de longues minutes à chevaucher à travers les champs, je me retrouvai dans la cour du château de Rubbis. Deux palfreniers accoururent vers moi, alors que je descendais de mon cheval. Je me dirigeai vers les deux jeunes hommes avec un sourire rassurant.

- Bonjour, je suis le Prince Bandon des Elfes, m'introduis-je. J'aimerais rencontrer la Princesse Greta, afin de discuter de son art.

Un serviteur vint me chercher, s'inclina devant moi et me guida à travers le château, jusqu'à une porte de bois. Lorsqu'il l'ouvrit, je fus aveuglé par une lumière blanche et ne distinguai qu'une cascade de cheveux dorés.

- Altesse Greta, dit le serviteur. Un visiteur pour vous.

Messages : 4 Date d'inscription : 01/03/2016

Assise sur le rebord de ma fenêtre, j'observais les denses forêts de mon pays natal. Vers l'est se trouvaient les terres de chasse royales, les terres sur lesquelles mon père avait perdu la vie. Contrairement à mes autres frères et soeurs, je n'en voulais pas à Filipp. Il était le seul d'entre nous à ne pas posséder de pouvoirs magiques, il n'aurait rien pu faire pour le sauver. Moi, je lui en voulais pour toute autre chose. Je lui en voulais d'avoir retiré la couronne à ma mère, et ce par pur égoïsme. Filipp n'était pas prêt à être roi. Rubis allait devenir la risée d'Enkidiev, et toutes les cruches du continent allaient venir ici afin de conquérir le coeur de mon frère aîné. Heureux était-il que je ne parle jamais, car si j'avais été Katya, je me serais dressée contre lui à l'aide de menaces. Mais, j'étais ce que j'étais, une jeune femme tellement discrète que je me demandais si la princesse Greta était connue dans les autres royaumes. Je ne me demandais pas ça par désir d'être connue, simplement par curiosité. J'étais excessivement curieuse, ce qui faisait de moi un être relativement cultivé. J'adorais connaître, lire et augmenter la puissance de ma magie. Tout cela en secret. Pas même Emmett ne connaissait l'étendue de mes pouvoirs. Je n'étais pas du genre cachotière, mais le fait d'ouvrir peu la bouche faisait en sorte que je ne parlais jamais de moi. Au contraire, j'écoutais. J'écoutais Katya détestait Filipp, ma mère regretter mon père, Julian se prendre pour un autre, monsieur le roi se croire au-dessus de tout le monde et Emmett relater ses conquêtes féminines. Moi, j'étais ce que j'étais.

- Princesse Greta? parvint une douce vois à mes oreilles.

Je me retournai avec grâce, armée d'un léger sourire aux lèvres. Hector, le serveur d'Emmett et moi, me regardait avec adoration, un plateau de nourriture dans les mains. Je poussai un léger soupir. Je ne mangeais plus depuis que ma mère avait perdu sa couronne. Je fis donc un petit signe de tête négatif avant de le chasser d'un simple geste de la main. Cependant, il ne m'obéit pas. Il entra dans mes appartements, se dirigeant vers ma petite table à dîner. J'ouvris la bouche, mais aucun son n'en sortit. Je restai hébétée sur le rebord de ma fenêtre, ne sachant pas que dire de sa soudaine témérité. Je me contentais de fixer ses mains qui servaient le thé, la bouche entrouverte. Jamais il n'avait désobéi à mes ordres, alors pourquoi maintenant ? Il releva son visage basané vers moi, ses yeux verts me transperçant complètement.

Après quelques minutes que je qualifiai de malaise, il se redressa, marchant à ma rencontre avec ma tasse favorite remplie de thé. Il la déposa tendrement dans mes mains avant de déposer un doux baiser contre ma joue. Hector était-il amoureux de moi? À mes yeux, il était un ami pas... ça.

- Puisse la princesse Greta m'honorer de sa défloraison ? me demanda alors Hector, de manière plus que solennelle.

- Je... Eum... tentais-je de dire.

- Ma soeur vous a chassé depuis plusieurs minutes déjà, me sauva soudainement mon frère.

- Bien sûr, Altesse, gronda Hector d'une voix nerveuse.

Il s'inclina devant Emmett avant de quitter nos appartements, le visage plus que cramoisi. Mon frère était en simple pantalon de toile, accoté sur la chambranle de la porte séparant nos deux chambres. Une bonne bosse était visible sous sa ceinture. Apercevant ce léger détail, je le foudroyai du regard, regard auquel il répondit par un sourire baveux. Eh merde ! Qui pense à regarder par les yeux de sa soeur lorsqu'il baise une servante ? Je sautai sur le sol, avant de jeter la tasse au sol et de m'enfuir rapidement vers mon atelier. J'adorais mon frère, il me dégoûtait simplement de coucher avec tout ce qui possédait un vagin. Et bon... Disons simplement qu'il l'affichait un peu trop fièrement à mon goût.

J'ouvris la porte de mon antre à la volée et me détendis d'un seul coup en y voyant tous mes tableaux et toutes mes sculptures. Emmett et moi ne venions pas du tout du même monde. J'en venais à me demander comment pouvions-nous être aussi proches tout en étant tellement différents l'un de l'autre. Je refermai doucement la porte, puis je me dirigeai vers l'immense et unique fenêtre qui illuminait la pièce entière. Je croisai mes bras contre ma poitrine et fermai les yeux, laissant les rayons du soleil chauffer mon visage et me détendre.

- Altesse Greta, déclara soudainement l'un des serviteurs de ma mère. Un visiteur pour vous.

Je pivotai lentement sur moi-même, avant de distinguer le doux visage d'un Elfe. Mais que faisait-il à Rubis ? Ce royaume qui allait bien à l'encontre de toutes les valeurs elfiques. Je ne laissai cependant pas paraître mon étonnement. Je me dirigeai avec grâce vers lui et m'arrêtai à distance respectueuse de lui afin d'exécuter une courte révérence.

- Je suis Greta de Rubis. À qui ai-je l'honneur ? demandais-je de ma douce voix.

Étrangement, toute ma frustration envers mes frères venait de disparaître. Le serviteur s'inclina devant moi avant de quitter prestement la pièce, me laissant complètement seule avec cet inconnu. De par son regard, je voyais bien que mon art le fascinait.

- Aimez-vous la peinture, sire ? me moquais-je gentiment.

Messages : 4 Date d'inscription : 27/02/2016

La princesse à l'auréole de lumière se retourna vers moi. Elle semblait surprise de voir un elfe au lieu d'un humain. La belle s'avança vers moi avec une grâce, qui était rare chez les humains, s'arrêta à quelques pas de moi et fit une petite révérence. Rester calme, je me devais de rester calme.

- Je suis Greta de Rubis. À qui ai-je l'honneur? demanda-t-elle de sa voix de satin.

Le serviteur s'inclina à côté de moi et nous laissa seuls, face à face. Son visage se tourna vers le mien. Le mien était fixé sur elle et sur les tableaux autour d'elle.

- Aimez-vous la peinture, sire? dit-elle d'un ton blagueur.

Je déviai mon regard de son visage vers ses tableaux et ses sculptures. Tout était fait avec finesse et soucis du détails. Il était rare de voir de l'art humain, fait avec autant d'émotions et de perfection, ces chef-d'oeuvres se rapprochaient de l'art elfique.

- Je...Oui, dis-je. En fait, je cherchais à acheter certaines de vos oeuvres, on dit à travers le continent, que vous êtes la plus grande artiste.

J'avalai de travers, avant de reposer sur elle, mon regard vert pâle sur la princesse de Rubis. Le halo de lumière ne semblait pas vouloir s'évanouir. Je savais trop ce que cela voulait dire, mais je n'étais pas prêt à me marier, ni même à tomber amoureux. Tentant de garder ma contenance, je détachai de ma ceinture, une petite bourse de pierres précieuses et la tendis à Greta.

- Je suis prêt à payer ce que vous voulez pour l'une de vos toiles et un de vos magnifiques sculptures, dis-je.

Messages : 4 Date d'inscription : 01/03/2016

Son regard dévia de mon visage afin d'observer ce qui se passait autour de lui. C'est à ce moment qu'une lumière vive apparut autour du jeune Elfe. Cette lumière l'entourait d'une blancheur inexplicable. Aussitôt, je sus ce que c'était. Je le sus car ma mère m'en avait parlé à maintes et maintes reprises. Cet homme était mon âme soeur. Et il fallait dire que je n'étais pas déçue. Il possédait en effet un très beau visage, et j'avais eu le temps de croiser ses yeux. Ils étaient simplement magnifiques, d'un vert pâle, presque transparent. Il était quelque peu plus grand que moi, mais excessivement musclé pour un être du peuple des forêts. Ses cheveux n'étaient pas blonds, contrairement aux siens, mais j'aimais bien les petits brunets. Bien malgré moi, je me branchai à ses pensées, afin de savoir son avis à mon sujet. Je fus cependant déçue qu'il ne faisait que penser à la technique dans mon art. Ne voyait-il pas la même lumière que moi?

- Je... oui, répondit-il soudainement. En fait, je cherchais à acheter certaines de vos oeuvres, on dit à travers le continent, que vous êtes la plus grande artiste.

Je fus surprise de ses dires. Bien sûr, je savais que mon art était grandement apprécié à Rubis, mais jamais je n'avais pensé qu'il avait fait le tour d'Enkidiev. Je continuais de fixer le jeune homme, quelque peu déçue qu'il ne perçoive pas que j'étais son âme soeur. Il retourna son regard vers le mien. Il ne semblait pas trop à l'aise, et je ne savais pas quoi faire pour l'aider. Après tout, ça ne devait pas être tous les jours qu'il se retrouvait en présence d'une princesse. Plusieurs en ressentaient un malaise, ils ne se sentaient pas dignes d'être dans la même pièce. Pourtant, je n'étais pas imposante...

Soudainement, sa main se dirigea vers sa ceinture, d'où il retira une petite pochette. Au bruit qu'elle fit, je pus comprendre qu'il s'agissait d'une bourse remplie de pierres précieuses. Je n'avais nullement besoin de ça. J'avais déjà beaucoup plus que ce que je voulais.

- Je suis prêt à payer ce que vous voulez pour l'une de vos toiles et une de vos magnifiques sculptures, m'honora-t-il alors.

- Ce n'est pas à vendre, répondis-je sèchement, mais d'une voix tout de même douce.

En effet, mes oeuvres n'étaient affichées que dans mon château, et nulle part ailleurs. Les seuls yeux en ayant vus étaient ceux qui étaient entrés dans la demeure royale de Rubis. Je ne faisais pas ce loisir afin de gagner de l'argent, encore moins afin que les gens du continent les affichent dans leur maison en pensant à moi. Je repoussai doucement sa main, lui souriant tristement.

- Je ne désire pas être connue, ajoutais-je.

Je me retournai avec grâce, afin d'aller m'asseoir sur mon petit banc, qui était devant une toile que j'avais déjà amorcée. C'était une peinture du dieu Liam, qui déchaînait une tempête. Je me saisis de mon pinceau afin d'améliorer le ciel, mais je ne pus peindre. En effet, je pouvais voir du coin de l'oeil que le jeune Elfe était toujours présent. Je me levai donc, afin d'aller à sa rencontre.

- Je suis terriblement ingrate, je ne vous ai pas demandé votre nom, m'excusais-je alors.

Je fis une nouvelle révérence, continuant d'être totalement absorbée par la lumière qui l'entourait. Je me branchai de nouveau à ses pensées, et c'est alors que je le vis. Cette image de moi auréolée par la même lumière blanche. J'en perdis soudainement pied, tombant vers l'avant. Évidemment, deux bras me retinrent d'une chute qui aurait pu s'avérer dangereuse.

- Pardonnez mes maladresses.

Je me surprenais fortement à parler autant...

Messages : 4 Date d'inscription : 27/02/2016

Je compris que le fait, que j'ai sortis mes richesses, n'avait pas plût à la belle. Je regrettai immédiatement mon geste. Elle devait avoir déjà beaucoup plus que cela dans les coffres de ce château.

- Ce n'est pas à vendre, dit Greta d'un ton sec.

Mon coeur remonta dans ma gorge. La princesse de Rubis repoussa ma main, avec un petit sourire triste. Le contact de sa main contre la mienne m'électrisait toujours. Je savais qu'elle était mon âme soeur, de par la lumière qui l'entourait, mais je ne pouvais rien y faire. Je ne pouvais simplement pas la prendre contre moi et l'embrasser!

- Je ne désire pas être connue, dit-elle.

Greta retourna s'asseoir sur son tabouret devant une toile du Dieu des Tempêtes. DE sa petite main, elle empoigna un pinceau pour retoucher son tableau. Je restai immobile au milieu de la pièce, à chercher quoi lui dire. Après un moment, la princesse se releva et revint vers moi.

- Je suis terriblement ingrate, je ne vous ai pas demandé votre nom, dit-elle, de sa voix douce.

Mon regard restait fixé sur elle et je la vis faire une jolie révérence. Mon esprit s'ouvrit de lui-même à elle. Greta perdit soudainement l'équilibre, tombant vers l'avant. Rapidement, je l'empêchai de tomber et de se fracasser le nez sur le sol. Son corps était pressé contre le mien.

- Pardonnez mes maladresses.

Sa voix sonnait comme celle des Fées à mes oreilles. Je la remis doucement sur pied, avant de reculer à une distance respectueuse. Mon regard vert pâle se posa dans ses prunelles de la couleur du ciel.

- Vous êtes toute pardonnée, Altesse, dis-je, respectueusement.

Mon regard restait sur la jolie Greta, alors que mes pensées se branchaient aux siennes. Je pus voir ce qui l'avait décontenancée. Elle, la princesse s'était vue, toute auréolée de lumière. Elle avait vu et compris à quel point, je la trouvais belle.

- Mon nom est Bandon, dis-je. Je suis le fils bâtard du Roi des Elfes...

La lumière des âmes sœurs, qui entourait la princesse, se mit à briller de plus en plus fort. Je plissai légèrement les yeux.

- Je sais que vous avez vu cette lumière qui vous entoure. Si je la vois autour de vous... Vous devez la voir autour de moi...

Mais oui, idiot! Je passai une main nerveuse dans mes cheveux, que devais-je faire? Je n'allais tout de même pas demander à cette douce princesse, que je ne connaissais pas ! Je ne voulais pas brusquer cette gentille jeune femme. Mon coeur battait si vite et sa voix douce me faisait frissonner.

- Je... Je ne sais quoi dire, balbutiais-je.

Je décrochai mon regard de la princesse Greta et le promenai dans la pièce, je vis une multitude de peintures et sculptures de tous les dieux et déesses de notre panthéon.

- Vous avez un talent magnifique, dis-je, en tentant de reprendre une certaine contenance. Vous faîtes paraître les artistes elfiques comme des amateurs.

Je me retournai vers la belle et lui offris un petit sourire.

Messages : 4 Date d'inscription : 01/03/2016

Ce moment dans ses bras me sembla si long... Je ne savais pas comment réagir. Je restais contre lui, retenant mon souffle, attendant qu'il réagisse le premier. Je ne savais pas si je croyais à la signification des âmes soeurs, mais une chose était sûre; ils existaient. Je n'en avais jamais vraiment douté, mais jamais je n'aurais cru rencontré le mien. Encore moins d'une telle façon. Mais je restais calme. Du moins, aussi calme qu'une princesse dans un tel embarras pouvait être. Cependant, calme comme je l'étais, je ne réagissais tout simplement pas. Je me contentais d'attendre. Attendre qu'il aie le courage de me décoller de son torse. Car oui, il fallait du courage pour exécuter un tel acte. Il fallait se mettre dans sa peau. Un elfe qui rencontrait son âme soeur qui n'était pas de la même race que lui était quelque chose de tout de même perturbant. Je ne savais pas beaucoup de choses sur les êtres sylvestres, mais je savais tout de même qu'ils n'avaient pas une grande capacité d'émotion. Pourtant, la connexion magique qui se produisait avec cet elfe me tentait vers le contraire.

Il se décida enfin à me relever complètement, avant de prendre quelques distances. Il était courtois, ça me plaisait bien, il fallait le dire. J'arrangeai rapidement les plis de ma robe, afin d'être convenable, puis je lui offris mon plus beau sourire. Pour la première fois depuis qu'il avait mis les pieds dans cette pièce, je le regardais avec l'attention qu'il méritait.

- Vous êtes toute pardonnée, Altesse, me dit-il en plongeant ses yeux dans les miens.

Je lui fis un léger signe de tête en guise de remerciement. J'avais appris les usages de la cour, même s'ils ne me servaient pas souvent. Puisque la majorité du temps j'étais cachée, je n'avais pas à bien me tenir. Malgré tout, je retenais chacun des enseignements de ma mère, pour ce genre de situation. Je sentais le flux magique qui circulait entre nous, comme s'il souhaitait entretenir cette connexion pour toujours.

- Mon nom est Bandon, s'introduit-il alors. Je suis le fils bâtard du roi des Elfes...

J'avais senti l'hésitation dans sa dernière phrase. Au moins, il était franc. Cependant, son rang ne m'importait peu. Il aurait été un sans-abri qu'il aurait eu la même valeur à mes yeux. Je ne savais pas quoi répondre. En bonne princesse, il aurait fallu que je me présente à mon tour, mais j'en étais incapable. De toute façon, il savait déjà qui j'étais. La preuve était qu'il avait parcouru tout ce chemin simplement pour venir me rencontrer dans mon atelier et acheter mon art.

- Je sais que vous avez vu cette lumière qui vous entoure. Si je la voix autour de vous... Vous devez la voir autour de moi.

Il avait espoir. Espoir que je le vois exactement comme il me voyait moi. En même temps, il avait peur. Peur que je ne vois pas cette lumière autour de lui. Afin de mieux le comprendre, je suivis ses pensées. Elles déferlaient à une vitesse effarante dans son esprit. Elles étaient quelque peu mélangées, mais j'étais tout de même capable de les suivre. Il ne comprenait même pas ce qui lui arrivait en ce moment, ce qui était tout à fait normal. La connexion avec une elfe et la connexion avec une humaine étaient deux choses totalement différentes.

- Je... Je ne sais quoi dire, lâcha-t-il alors.

Je lui offris un sourire rassurant. Je parlais si peu que lorsque je ne savais pas quoi dire, je ne le disais pas. Mais je pouvais comprendre sa nervosité. À ma grande déception, il délaissa mon regard afin de le promener dans la pièce. Je détestais lorsque les gens entraient ainsi dans mon intimité. Mais je ne dis rien. Je voulais m'offrir complètement à lui, aussi étrange cela pouvait sonner. Car oui, c'était un pur inconnu, mais je sentais que je pouvais lui faire entièrement confiance.

- Vous avez un talent magnifique, se reprit-il alors. Vous faites paraître les artistes elfiques comme des amateurs.

Je gloussai quelque peu, évidemment flattée par sa remarque. Il savait comment parler aux gens, mais il ne savait pas comment parler aux femmes. Ça ne me dérangeait aucunement. En fait, j'appréciais. Ça me sortait quelque peu de mon environnement de la cour. Les fausses paroles et les fausses politesses, ce n'était pas du tout moi. Je ne comprenais tout simplement pas pourquoi ma mère me laissait aller à tous ces bals et cérémonies. Je savais bien que c'était important pour elle, mais elle était également au courant que ce n'était pas ma tasse de thé. Mais bon. Comme elle était tout ce que j'avais, je faisais tout en mon pouvoir pour lui faire plaisir, même être quelqu'un d'autre que moi-même. Cependant, avec cet Elfe, j'avais l'impression que tout pouvait changer. Je ne pouvais pas quitter Rubis, car je devais être aux côtés de mon frère, mais rien n'empêchait mon âme soeur de venir me rejoindre ici. Non, je ne le connaissais pas, mais cela ne me faisait pas peur. Je faisais confiance aux dieux.

- Oui, je vois cette lumière, entamais-je alors d'une douce voix. Tout comme vous.

Je lui souris avec bonté, ne sachant pas quoi ajouter. Sans doute la lumière nous montrait le chemin vers l'autre, mais il ne nous obligeait pas à nous aimer. Et s'il me trouvait trop passive, calme, délicate? Jamais aucun homme ne s'était intéressé à moi, si ce n'était que pour la finesse de mon corps et la beauté de mon visage. Ce n'était pas de la vantardise, c'étaient de simples faits. Je me raclai doucement la gorge, incertaine de son silence. Je n'osais plus pénétrer ses pensées, sachant très bien que c'était une violation de son intimité.

- Vous êtes le bienvenue à Rubis, dis-je alors de manière beaucoup plus solennelle. Il y a certains problèmes de gestion en ce moment, et l'aide de d'autres dirigeants beaucoup plus pacifiques nous serait précieuse.

Je fis une légère révérence, réalisant que je ne portais pas du tout des vêtements convenables pour une telle rencontre. Je n'étais jamais bien vêtue lorsque j'étais dans mon atelier, puisque je n'avais habituellement aucune visite, excepté ma mère ou mon frère.

- Je vous ferai préparer une chambre, ajoutais-je rapidement.

J'aurais bien aimé lui proposer la mienne, mais je savais que c'était plutôt déplacé. Je m'abstins donc, restant accroupie dans ma révérence en signe de respect.